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3 ème atelier régional pour la prévention de l’extrémisme violent dans l’Espace Entente : Des recommandations adoptées

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Du 04 au 06 mai 2023 à Lomé au Togo, le Conseil de l’Entente, en partenariat avec le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) de la Suisse et avec le soutien du Gouvernement du Togo, ont organisé le troisième Atelier régional pour la prévention de l’extrémisme violent dans l’Espace Entente. À la fin de l’atelier, des recommandations ont été adoptées.

Dans le prolongement des Ateliers régionaux de 2018 (Abidjan, Côte d’Ivoire) et de 2019 (Ouagadougou, Burkina Faso), l’Atelier de Lomé avait pour objectif de renforcer la dynamique d’appropriation de l’approche et des outils de prévention, à un moment où l’aggravation et l’expansion de cette violence préoccupe plus que jamais les États de la région. Cette situation rend d’autant plus urgent le besoin d’aborder les causes multiples de cette violence et, pour y faire face, de stimuler les rapprochements entre les États de l’Espace Entente et le Ghana d’une part, et entre les acteurs multiples en leur sein d’autre part.

Le Conseil de l’Entente a répondu à ce besoin en offrant une nouvelle fois une occasion aux différents participants de se retrouver dans cet espace de dialogue afin de renforcer leurs actions de prévention.

Au cours des trois jours de travaux, l’Atelier régional a rassemblé 85 participants, venus des cinq pays du Conseil de l’Entente – Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Niger et Togo ainsi que du Ghana. Le Comité Interétatique de Lutte contre la Sécheresse au Sahel (CILSS) était également représenté au plus haut niveau. On pouvait noter la présence de représentants gouvernementaux, de députés et d’élus locaux, de hauts responsables de structures nationales en charge de la défense, de la sécurité et des frontières des pays membres du Conseil de l’Entente et du Ghana, d’acteurs de la société civile (en particulier des femmes et des jeunes), de chercheurs et d’experts en sécurité.

Face aux limites constatées des réponses militaires et sécuritaires, les travaux ont permis aux participants de générer une vision commune quant à la nécessité d’adopter une approche centrée sur la sécurité humaine, prenant en compte les causes diverses de la violence et permettant d’apporter des réponses de fond :

Le besoin de multiplier les espaces de dialogue à tous les niveaux ; l’importance d’inclure le Ghana aux côtés des Etats membres du Conseil de l’Entente, en raison de leurs liens historiques et géographiques et des défis communs qu’ils partagent ; l’appel au Conseil de l’Entente à assumer son plein leadership en renforçant et en pérennisant son offre de rencontres régionales régulières visant à stimuler les efforts de prévention.

Les discussions entre les participants ont porté sur les principaux axes suivants : les réponses de fond face à la menace qui s’installe ; les politiques publiques en matière de prévention de l’extrémisme violent et leur mise en œuvre dans l’Espace Entente et au Ghana ; la nécessité de la participation de tous à la prévention de la violence ; la prévention de l’extrémisme violent comme un instrument privilégié pour la gouvernance des territoires ; le dialogue entre les acteurs comme l’outil indispensable de prévention, et les espaces locaux, nationaux et régionaux dans lesquels ce dialogue peut avoir lieu.

Les participants ont adopté les recommandations ci-après :

En ce qui concerne les réponses de fond à mobiliser face à la menace qui s’installe, les participants recommandent :

L’adoption par les États membres du Conseil de l’Entente et le Ghana, d’une approche de sécurité humaine reposant sur l’écoute et les besoins des individus et des populations ; le renforcement d’une gouvernance publique inclusive et participative dans l’Espace Entente et au Ghana ; l’évolution de la doctrine qui régit l’action des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) en renforçant leur rôle dans la prévention ; l’identification et la duplication de bonnes pratiques de prévention de l’extrémisme violent dans l’Espace Entente et au Ghana ; la capitalisation des résultats des travaux de recherche sur l’extrémisme violent et les réponses à y apporter.

En ce qui concerne les politiques publiques en matière de prévention de l’extrémisme violent et leur mise en œuvre dans l’Espace Entente et au Ghana, les participants recommandent :

Le renforcement de la mise en œuvre des stratégies et plans d’action nationaux de prévention de l’extrémisme violent ; la mobilisation des ressources financières en particulier sur fonds propres aux États concernés ; le renforcement des capacités pour la prévention de l’extrémisme violent des différents acteurs publics (en particulier les agents des administrations centrales et décentralisées et les FDS), les élus et la société civile ;

La promotion d’une culture de la prévention, de la non-violence, de la paix et de la citoyenneté ; la coordination de l’action de prévention de l’extrémisme violent au plan national, à savoir entre les différentes structures étatiques, entre les structures étatiques centrales et décentralisées et entre les États et la société civile ; l’harmonisation des politiques nationales de prévention de l’extrémisme violent au niveau de l’Espace Entente et du Ghana, ainsi que la coordination et la coopération régionales dans leur mise en œuvre ; la mise en cohérence des politiques publiques nationales avec les textes politiques et normatifs régionaux et internationaux en lien avec la prévention de l’extrémisme violent ;

Le renforcement du leadership et de l’action du Conseil de l’Entente dans la mise en œuvre de la prévention de l’extrémisme violent dans l’Espace Entente et au Ghana ; le rapprochement et la coopération entre le Conseil de l’Entente et l’Initiative d’Accra dans le domaine du renseignement comme outil de prévention.

En ce qui concerne la nécessité de la participation de tous à la prévention de la violence, les participants recommandent :

La mobilisation de tous les acteurs étatiques et non étatiques concernés (les décideurs politiques, y compris les parlementaires et les élus locaux, les responsables publics locaux, les FDS, les OSC, les chefs traditionnels et guides religieux, les femmes et les jeunes, les chercheurs, les médias) dans l’effort de prévention, la mise en place de mécanismes de coordination et la promotion de synergies aux plans national et régional;

La mise en œuvre effective des politiques de prévention de l’extrémisme violent sous la responsabilité des décideurs politiques et des administrations publiques.

En ce qui concerne la prévention de l’extrémisme violent comme un instrument privilégié pour la gouvernance des territoires, les participants recommandent :

Le renforcement de la décentralisation comme politique institutionnelle et l’accroissement de la participation citoyenne de manière à consolider la confiance entre l’État, les collectivités territoriales et les communautés locales

L’inclusion et la participation des communautés locales comme approche de gestion des questions sécuritaires et dans la prévention de l’extrémisme violent;

L’adoption, l’harmonisation, et l’opérationnalisation des cadres juridiques sur la coopération transfrontalière, en particulier la Convention de l’Union africaine sur la coopération transfrontalière du 27 juin 2014 (Convention de Niamey):

La promotion de programmes de gestion intégrée des espaces frontaliers et la coopération transfrontalières entre les collectivités territoriales dans l’Espace Entente et le Ghana, en lien avec les enjeux de paix et de sécurité ;

L’animation de cadres d’échanges entre les responsables publics, les FDS, les populations nomades et les populations sédentaires dans les zones frontalières;

L’intégration à la prévention de l’extrémisme violent des politiques environnementales, foncières et de gestion des ressources naturelles.

En ce qui concerne le dialogue entre les acteurs comme l’outil indispensable de prévention, les participants recommandent :

La création d’espaces locaux de dialogue entre les responsables publics (élus et administrateurs), les FDS et les communautés, sur les enjeux de paix et de sécurité et en lien avec la gouvernance locale des affaires publiques;

La promotion d’espaces de dialogue et d’échanges réguliers entre parlementaires, administrations centrales et locales et FDS;

La création d’espaces de dialogue transfrontaliers;

Lorsque possible, l’engagement du dialogue avec les groupes armés à travers des processus formels ou informels encadrés par l’État; ainsi que la promotion de l’échange des expériences en la matière au sein de l’Espace Entente et du Ghana;

La pérennisation du cadre de concertation et de dialogue régional pour la prévention de l’extrémisme violent dans l’Espace Entente et au Ghana;

L’intégration de la société civile aux processus d’élaboration et de mise en œuvre des politiques de prévention de l’extrémisme violent et en matière de paix et de sécurité;

L’intégration de l’approche et des outils de la prévention dans les curricula des centres de formation des administrateurs publics et des FDS.

Les conclusions et les recommandations de l’Atelier régional de Lomé seront soumises à la prochaine réunion annuelle des Ministres en charge de la sécurité et des frontières, ainsi qu’au Conseil des Ministres et à la Conférence des Chefs d’État du Conseil de l’Entente en vue de leur adoption.

Marc GNAZOU

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