Mardi 28 février dernier, une commission mixte du parlement de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) s’est réunie pour mener des réflexions sur l’homogénéité des télécommunications dans l’espace communautaire. Cette réunion qui va prendre fin le 04 mars 2023, a été délocalisée à Niamey au Niger. Au cours de la rencontre, les membres de la commission mixte du parlement ont relevé des obstacles et quelques recommandations.
En présence du président du parlement de la CEDEAO, Sidie Mohamed Tunis et d’autres personnalités, le président de l’Assemblée nationale du Niger a lancé les travaux. Comment parvenir à l’itinérance homogène des télécommunications dans l’espace communautaire ? Cette interrogation préoccupe tant les membres de la commission mixte du parlement.
Le thème de la rencontre tourne autour des télécommunications comme outil d’intégration économique avec la nécessité de parvenir à une itinérance homogène dans les Etats membres de la CEDEAO. L’ouverture des travaux a été présidée par le président de l’Assemblée nationale du Niger, l’Honorable Séini Oumarou, en présence du Président du Parlement de la CEDEAO, Sidie Mohamed Tunis.
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C’est la toute première réunion délocalisée du Parlement de la CEDEAO au titre de l’année 2023. Elle est organisée par trois des quatorze Commissions permanentes du Parlement à savoir les Commissions Télécommunications et technologies de l’information; Education, sciences et culture; Commerce, douanes et libre circulation, constituées en une Commission mixte.
L’objectif visé selon la co-présidente de cette commission, l’honorable Agbandao Kounon Nahou, est de permettre aux membres de la commission d’identifier les obstacles à la réalisation d’un tarif uniforme de l’itinérance des télécommunications dont la mise en œuvre devrait contribuer au progrès de notre communauté a-t-elle précisé. L’itinérance des télécommunications recherchée dans l’espace communautaire, devrait, il faut le préciser être continue et fiable sans coût additionnel. Du tableau dressé à cette occasion par les différents intervenants il ressort que : les télécommunications en Afrique de l’Ouest sont très onéreuses. A cela s’ajoutent la couverture disparate de différentes zones et d’un pays à un autre. Dès qu’il franchi la frontière du pays voisin le citoyen de la CEDEAO n’est plus accessible à moins de payer la carte SIM du pays de destination ou qu’il ait pris soin de faire le Roaming qui n’est pas à la portée de toutes les bourses.
L’Afrique de l’Ouest est couverte par 44 opérateurs de téléphonie mobile avec un total de 410 million d’abonnés ce qui représente un faible taux de pénétration, 50% alors que la moyenne mondiale est de 67%. Sur 85% d’abonnés mobile couverts par le haut débit mobile, seuls 44% l’utilisent réellement représentant un écart d’utilisation de 41 % du fait des coûts élevés des tarifs. A ces défis viennent se greffer d’autres tels que la persistance de la cyber sécurité et cyber criminalité, et la nécessité d’améliorer l’environnement réglementaire de la région pour tenir compte de l’évolution du secteur et favoriser la concurrence.
Les statistiques font ressortir une moyenne de 103% de possession de téléphones mobiles générant en 2018, 52 milliards de dollars de valeur économique soit 8,7% du PIB en Afrique de l’Ouest. Les estimations atteindront les 70 milliards de dollars soit 9, 5% du PIB en 2025. C’est un potentiel grand marché à explorer. Pour faire face à ces défis, la CEDEAO consent des efforts selon M. Douka Sidikou, représentant du Président de la commission de la CEDEAO. « A ce jour tous les pays sont connectés à des câbles sous-marins à large bande pour une connectivité internet à haut débit et les trois pays de l’hinterland ont au moins deux routes pour leur accès aux câbles sous-marins. Néamoins quelques pays notamment le Libéria, la Siérra Léone, la Guinée, la Guinnée bissau et la Gambie, restent dans une position vulnérable en raison de leur accès à un seul câble sous-marin sans redondance et une absence de concurrence sur leur connectivité internationale. Ce qui contribue à des défis de disponibilité et des coûts abordables d’internet dans ces pays a-t-il souligné sans oublier d’évoque les différents programmes et projets mis en place en collaboration avec l’UEMOA pour répondre à tous ces défis notamment la définition d’un nouveau cadre juridique d’harmonisation de la règlementation du secteur dans les Etats membres, et le projet du câble sous-marin Amilcar Cabral en cours de préparation entre autres.
La question qui se pose est de savoir comment tirer le meilleur parti de l’économie numérique quand on sait la place qu’occupent les TICS dans l’accélération de l’intégration de la sous-région ? Le Président de l’Assemblée nationale du Niger l’honorable Séini Oumarou, a salué le choix de son pays pour abriter la rencontre et la pertinence du thème « ce sujet est d’autant plus pertinent que les systèmes de communication au moyen des nouvelles technologies constituent de véritables mesures d’accompagnement de tous les efforts de développement et surtout des vecteurs par excellence de l’intégration de notre espace ».
Au regard de l’importance de la thématique, il a exhorté les parlementaires à aborder le sujet avec toute la sérénité requise afin que cette problématique soit prise en charge aussi bien par le Parlement de la CEDEAO que par les autres instances communautaires compétentes. Pour le président du Parlement de la CEDEAO, Sidie Mohamed Tunis, les questions concernant les télécommunications, l’itinérance mobile et ses tarifs sont assez critiques et constituent des ingrédients majeurs dans le processus d’intégration de la CEDEAO. Il a informé l’assistance des résultats d’une étude menée sur l’adoption de l’Internet mobile en Afrique de l’Ouest, par l’Institut d’économie du travail de Bonn en 2021.
Selon cette étude, déclare-t-il, il a été constaté que l’adoption et l’utilisation généralisées des technologies numériques ont un potentiel multiple pour la sous-région.
L’étude a enregistré des avantages tels qu’une meilleure inclusion financière grâce aux applications d’argent mobile, un meilleur accès aux opportunités d’emploi grâce à une prestation plus efficace des services de base grâce aux applications d’e-gouvernement, ainsi qu’un accès élargi aux marchés grâce au commerce électronique.
Le Président du Parlement de la CEDEAO a toutefois regretté qu’aucun des avantages n’est réalisable sans d’abord normaliser le régime tarifaire dans la sous-région et le rendre moins cher, étant donné que la libre communication est le point d’ancrage de la libre circulation des personnes, des biens et des services et du commerce intra-régional.
Notons que les travaux se sont poursuivis à l’hôtel Bravia où des experts de la télécommunication se succèdent pour éclairer la lanterne des parlementaires sur le sujet dans toutes ses dimensions. Les communications sont assorties de recommandations et seront mis à la disposition de conseil des ministres et des chefs d’Etats de la CEDEAO.
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