« Ils ont partagé l’Afrique sans rien nous dire » : Héritages d’un Passé Imposé et Défis pour l’Avenir

L’Afrique, vaste continent aux cultures riches et aux territoires immenses, a été victime d’un découpage arbitraire, décidé sans l’avis de ses peuples. Cette tragédie historique, orchestrée par les puissances coloniales européennes au XIXe siècle, continue de façonner le destin du continent de manière dramatique.

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Qui étaient ces décideurs ? Pourquoi ont-ils partagé l’Afrique sans consulter les peuples concernés ? Quelles conséquences cette répartition forcée a-t-elle encore aujourd’hui ? Et surtout, comment l’Afrique peut-elle se réapproprier son avenir face aux cicatrices de cette division imposée ? Cet article plonge dans l’histoire, les impacts et les perspectives de ce partage qui a bouleversé le continent.

La Conférence de Berlin : Le Festin des Colonisateurs

Une Afrique Dépecée sur une Table Européenne

Entre 15 novembre 1884 et 26 février 1885, les puissances européennes se réunissent à Berlin, sous l’initiative du chancelier allemand Otto von Bismarck. Le but officiel ? Régler pacifiquement les tensions coloniales et organiser la gestion des territoires africains. Mais derrière les discours diplomatiques, c’est un véritable pillage organisé qui prend place.

Sans qu’aucun Africain ne soit invité, les grandes puissances décident des frontières, des zones d’influence et des règles du jeu colonial. La France, la Grande-Bretagne, la Belgique, l’Allemagne et le Portugal s’attribuent les plus vastes portions du continent, découpant des empires et des royaumes entiers en tracés artificiels.

Des Frontières Tracées à la Règle et au Compas

Les nouveaux territoires ne tiennent aucun compte des réalités ethniques, culturelles et historiques des peuples africains. Des communautés sont divisées, des royaumes éclatés, des ennemis historiques forcés à cohabiter sous une même bannière coloniale. Ce partage arbitraire sera l’un des grands germes des conflits postcoloniaux.

Des Conséquences Dévastatrices : L’Afrique Prisonnière d’un Héritage Colonial

Des États Fragiles et des Identités Brisées

Les pays africains, indépendants depuis les années 1960, peinent encore à se relever du poison des frontières coloniales. Des peuples qui partageaient autrefois des langues, des coutumes et des croyances se retrouvent séparés entre plusieurs États, affaiblissant leur cohésion.

Inversement, certains États regroupent des ethnies qui n’avaient aucun lien historique, créant des tensions internes et des guerres civiles. Des exemples comme le Nigeria, le Soudan ou le Rwanda montrent comment ces fractures artificielles ont alimenté des conflits meurtriers.

Une Économie Structurellement Dépendante

Les puissances coloniales ont façonné l’économie africaine en fonction de leurs propres intérêts. L’exploitation des ressources naturelles (or, diamant, cacao, café, uranium) a été pensée pour alimenter les économies occidentales plutôt que pour développer les sociétés africaines.

Même après les indépendances, le modèle économique reste extrêmement dépendant des anciennes puissances coloniales. L’Afrique produit des matières premières mais importe des produits manufacturés, la maintenant dans une position de faiblesse sur la scène internationale.

Des Conflits Alimentés par le Legs Colonial

La carte africaine postcoloniale ressemble à une bombe à retardement. Le partage du continent sans concertation a semé la discorde entre peuples, tribus et nations, entraînant une instabilité chronique.

–  Guerre du Biafra au Nigeria (1967-1970)

–  Conflit Hutu-Tutsi au Rwanda (1994)

– Séparatisme au Soudan du Sud (2011)

Autant d’exemples tragiques qui montrent que les frontières imposées par la colonisation continuent de saigner l’Afrique.

Reprendre le Contrôle : Une Afrique Qui Revendique Son Destin

Vers une Réforme des Frontières Africaines ?

Face à ces injustices historiques, certains leaders africains ont proposé de redessiner la carte du continent pour mieux correspondre aux réalités culturelles et ethniques.

Mais ce projet se heurte à deux défis majeurs :

– L’ONU et l’OUA (Union Africaine) ont établi que les frontières héritées de la colonisation sont “intangibles”, pour éviter de nouvelles guerres territoriales.

– Les dirigeants africains eux-mêmes ne veulent pas prendre ce risque, car il pourrait remettre en cause leurs propres pouvoirs.

Construire l’Unité Africaine Malgré le Passé

Plutôt que de modifier les frontières, d’autres voix prônent une intégration africaine plus forte :

– Renforcement de l’Union Africaine (UA) pour peser davantage sur la scène internationale.

– Mise en place d’une monnaie unique africaine pour réduire la dépendance aux devises occidentales.

– Développement du commerce intra-africain, au lieu d’exporter uniquement vers l’Europe et l’Asie.

Décoloniser les Esprits et l’Éducation

Le plus grand défi pour l’Afrique reste la décolonisation des mentalités. Aujourd’hui encore, les programmes scolaires enseignent une histoire écrite par les colonisateurs.

Il est essentiel de réhabiliter l’histoire africaine précoloniale, de valoriser les héros africains et de montrer aux jeunes générations que leur avenir ne dépend plus de l’Occident, mais de leur propre capacité à construire un continent fort et uni.

L’Afrique Face à Son Devoir Historique

“Ils ont partagé l’Afrique sans rien nous dire”, et pourtant, c’est aux Africains de décider de l’avenir du continent. Malgré l’héritage d’un découpage injuste, l’Afrique peut et doit reprendre son destin en main en développant l’éducation, l’unité et une économie indépendante.

–  Loin d’être condamnée à subir les décisions du passé, l’Afrique a aujourd’hui les moyens de se reconstruire et d’imposer sa voix sur la scène mondiale.

–  L’unité africaine, au-delà des frontières tracées par la colonisation, est la seule réponse possible pour bâtir un futur plus juste.

– Et vous, pensez-vous que l’Afrique doit redessiner ses frontières ou renforcer son unité malgré elles ?

Dimitri AGBOZOH-GUIDIH