Depuis la proclamation des résultats des dernières élections législatives et régionales au Togo, on a eu peu de nouvelles du parti Nouvelle Vision. La formation de Dr. Kodjovi Thon qui avait fait une sortie assez peu relayée ensuite, a semblé se murer dans un silence inhabituel de sa part. Est-ce un essoufflement ou une stratégie, la question mérite d’être posée. Quoiqu’il en soit, la Nouvelle Vision est réapparue la semaine dernière avec une déclaration dans laquelle elle a appelé à une alternance productive pour le pays. L’intervention signée du président National du parti a suscité une vague de réactions au sein de l’opinion publique d’autant qu’elle apparait comme une exigence immédiate. La rédaction du journal LENEUTRE s’est approchée des responsables du parti pour avoir plus de précisions sur cette sortie. Jules Bamim Bafena, 1er Vice-Président National du Parti, nous a accordé un entretien exclusif pour expliquer cette déclaration, faire le point sur la situation actuelle, les récentes évolutions politiques et les perspectives du parti.
Lisez intégralement cet entretien exclusif !
Journaliste : Bonjour Monsieur Bafena. Merci de nous recevoir. Pour commencer, pourriez-vous nous dire comment se porte le Parti Nouvelle Vision actuellement ?
Jules Bafena : Bonjour et merci pour cette opportunité que vous nous donnez à travers votre média. Je saisis cette occasion pour saluer notre président national Dr. Thon, nos ambassadeurs, les membres et nos sympathisants. Pour revenir à votre question, le parti Nouvelle Vision se porte bien ; même très bien, malgré les défis auxquels nous faisons face. Toutes les structures de notre pays en connaissent. Ce n’est pas particulier dans notre cas.
Journaliste : Depuis les élections, votre parti est discret sur le terrain et votre absence se fait ressentir. Est-ce un choix ?
Jules Bafena : Après les élections, il y a toujours un repos sabbatique pour tous les partis politiques. Nonobstant cela, je ne vous dirai pas qu’il s’agisse d’un choix ou non. Je dirai que là où vous voyez de la discrétion, nous, nous voyons de la réorientation. Car laissez-moi vous dire, c’est dans les médias, en fait, que nous sommes peut-être discrets. Il s’est agi donc pour nous de revoir notre modèle. Il est normal de prendre un moment pour évaluer notre situation. Nous avons pris le temps de réfléchir aux retours de nos électeurs, d’analyser ce qui a fonctionné et ce qui doit être amélioré. Ce processus est crucial pour ajuster notre modèle et renforcer notre impact. Et justement pour ce réajustement, vous aurez bientôt les suites de nos activités sur le terrain et vous comprendrez que nous n’avons pas été discrets, mais prolifiques.
Journaliste : Vous parlez d’un moment de repos après les législatives et les régionales. Est-ce que cela signifie que le parti Nouvelle Vision est en train de se réorganiser ?
Jules Bafena : Absolument ! Il y a d’ailleurs un congrès qui nous attend. La réorganisation s’impose à nous par nos textes. On n’avait pas besoin de l’initier. Aussi, après chaque rendez-vous électoral, il est nécessaire de faire un bilan pour mieux préparer l’avenir. Nous examinons les résultats, évaluons nos stratégies et réadaptons notre approche en conséquence. Ce temps est essentiel pour nous permettre de réorganiser notre riposte face aux difficultés que le peuple traverse afin de répondre aux attentes de nos concitoyens de manière plus efficace.
Journaliste : La semaine dernière, votre Président National a dans une déclaration, appelé à une alternance productive. Pourriez-vous approfondir cette position du parti ?
Jules Bafena : Une précision d’abord, il a appelé à « une alternance paisible, pacifique et productive ici et maintenant ». C’est très simple. À travers cet appel qui d’ailleurs répond au discours du chef de l’État Faure Gnassingbé sur la bonne gouvernance prononcé à Beijing, notre numéro 1 demande qu’il y ait un véritable changement dans la manière de gérer les affaires de la cité. Peut-être faudrait-il le rappeler, cet appel à une alternance productive fait partie de notre vision pour un changement véritable dans la gouvernance de notre pays et surtout se révèle comme la clé pour une gouvernance productive pour nos populations. Ce n’est pas simplement une question de changer de personnes, mais de renouveler les méthodes, les pratiques, les valeurs, les décisions, les paradigmes pour une meilleure gouvernance. Nous répondons ainsi à l’appel du chef de l’État pour une gestion plus équitable et plus juste, en ligne avec notre propre engagement pour le développement de notre pays, le Togo.
Journaliste : Vous avez mentionné que cette alternance vise à améliorer la manière de gérer les affaires publiques. Plus concrètement encore, en quoi consiste ce changement ?
Jules Bafena : Alors, imaginez qu’on maintienne sur des projets des gens dont la seule mentalité est et reste de s’enrichir au péril de l’Etat ou que continuent de trôner des gens pour qui tout avis contraire est un avis de terroriste, comment pouvons-nous construire le Togo dans ce désordre ? On serait entrain de construire un autre chaos en pensant faire du bien. Nous n’avons que trop vécu ça ces dernières années. Il est temps que ça évolue. Le changement dont nous parlons concerne surtout les pratiques de gouvernance. Il s’agit d’instaurer plus de transparence, d’équité et de responsabilité dans la gestion des affaires publiques. L’objectif est de répondre aux besoins de nos concitoyens de manière plus efficace et efficiente et de créer un environnement propice à un développement durable.
Journaliste : Certains pourraient voir cet appel à l’alternance comme une critique du gouvernement actuel. Qu’en pensez-vous ?
Jules Bafena : Vous savez, tout le monde peut subir des critiques. Et quand vous gouvernez, vous devez vous attendre à cela. Encore plus si comme dans notre cas, on parle d’une gouvernance quarantenaire dans un premier temps et vicennale dans un deuxième. Alors si des gens y voient une critique, nous leur dirons de se convaincre que c’est une critique constructive. Ils ne devraient pas oublier que c’est une réponse à un appel du Chef d’Etat lui-même. Nous n’allions tout de même pas l’ignorer. Aussi est-il important de préciser que notre appel à une alternance productive est une invitation à une réflexion sur les méthodes du leadership qui doit être porté sur les résultats. Nous pensons que chaque période a ses défis et ses opportunités. Notre but est de contribuer positivement en proposant des solutions qui répondent aux attentes de la population et favorisent un meilleur développement.
Journaliste : Le Parti Nouvelle Vision est relativement jeune. Aux élections, vous n’avez gagné aucun siège. Comment évaluez-vous vos résultats lors de ces scrutins ?
Jules Bafena : Pour un parti qui en est à ses débuts, nos résultats sont encourageants. Nous avons réussi à couvrir une grande partie du territoire national et à faire entendre notre message. Même si nous n’avons pas atteint tous nos objectifs, nous considérons ces résultats comme une base solide pour progresser. Notre présence croissante sur le terrain montre que notre message trouve un écho favorable parmi les électeurs. Le message est très simple, l’idéal.
Journaliste : Sur le terrain, on constate une démobilisation du peuple togolais ? A la Nouvelle Vision, comment vous l’expliquez ?
Jules Bafena : Lorsque vous êtes un père de famille, quelle que soit la grandeur ou la richesse que vous avez, lorsque votre famille perd la confiance en vous, quelques soient vos efforts, la cellule familiale ne sera jamais heureuse. Je voudrais tout simplement transposer cela sur le cas des togolais. Le peuple a perdu confiance en ses dirigeants. Quand un peuple perd confiance en ses dirigeants, aucun effort ne sera suffisant pour faire avancer le pays. Nous interpellons nos dirigeants à reconquérir la confiance du peuple et à redonner espoir à nos populations. Ceci passera par une meilleure répartition des ressources, une égalité devant les tribunaux et un travail dans les principes simples et nobles. Vous savez, le vrai peuple qui aspire au bien-être et au mieux-être ne se retrouve pas dans les partis politiques, ce sont les artisans, les cultivateurs, etc., bref ceux qui travaillent pour apporter une valeur ajoutée à notre pays. D’ailleurs, la remobilisation du peuple togolais, ce n’est pas pour affronter nos gouvernants mais c’est une remobilisation pour se remettre au travail. Nous sommes et restons toujours confiants que la lutte que le peuple togolais a engagée n’est pas une lutte politique. Plutôt, elle est une lutte de survie. Notre peuple aujourd’hui veut survivre et ensuite vivre. C’est aussi simple que ça.
Journaliste : Dans vos sorties vous évoquez souvent une méthodologie basée sur trois axes : la contribution, la collaboration et la contrainte. Pouvez-vous développer sur ces points ?
Jules Bafena : Alors ! La contribution concerne notre capacité à apporter des idées et des propositions constructives, comme nous le faisons au CPC par exemple, et également comme nous venons de le faire en réponse au discours du chef de l’État. La collaboration est essentielle pour travailler ensemble avec d’autres acteurs politiques et sociaux pour le bien commun. Il nous arrive d’aider des institutions d’Etat pour l’atteinte de leurs objectifs. Si nous pouvons aider par exemple le FAIEJ, l’ANPGF, etc. à atteindre plus facilement les jeunes afin d’exécuter leurs programmes, pourquoi refuserions-nous de le faire ? Parce que le pouvoir pourrait s’en prévaloir dans son bilan ? Non, peu importe, tant que c’est le peuple qui en profite. Enfin, la contrainte se réfère à notre engagement à offrir une alternative sérieuse aux politiques existantes, en proposant des solutions pratiques et efficaces. Notre simple présence au sein d’un regroupement de parti contraint ceux qui avaient peut-être la primauté d’agir à 100%.
Journaliste : En parlant de collaboration, comment entreverriez-vous une interaction entre votre parti et le gouvernement actuel ?
Jules Bafena : La collaboration ne signifie pas nécessairement un soutien. Il s’agit plutôt de travailler ensemble pour améliorer la gestion des affaires publiques. Nous sommes prêts à collaborer dans la mesure où cela contribue réellement à l’amélioration des conditions de vie des Togolais. Nous souhaitons voir des actions concrètes qui répondent à ces attentes.
Journaliste : Que pensez-vous de la présence de partis de l’opposition dans le nouveau gouvernement formé récemment ? Est-ce une approche que vous soutenez ?
Jules Bafena : L’intégration des partis de l’opposition dans le gouvernement est une démarche qui peut favoriser un dialogue constructif et une meilleure représentativité. Nous croyons qu’une telle approche peut apporter des perspectives diverses et enrichir les décisions politiques. Cependant, il est crucial que cette collaboration soit basée sur des principes de transparence et d’efficacité avec une réelle volonté politique de chaque côté de changer le leadership qui prévalait et d’améliorer les choses pour les intérêts supérieurs de la nation.
Journaliste : Enfin, pouvez-vous nous parler des priorités de votre parti pour les prochaines élections et les actions que vous envisagez pour atteindre vos objectifs ?
Jules Bafena : Notre priorité est de continuer à renforcer notre présence sur le terrain et de faire connaître notre programme. Nous nous concentrons sur la formation des jeunes, l’amélioration de l’éducation et le développement socioéconomique. Nous souhaitons également continuer à interagir avec les différentes institutions pour mieux comprendre et répondre aux besoins de nos militants, de nos concitoyens, de notre peuple. Nos actions seront guidées par notre engagement pour un développement durable et inclusif.
Marc Y Essowè GNAZOU (92196799)
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