Interview spéciale/La ministre Apédoh-Anakoma : « le 08 mars, tel qu’ancrée dans les habitudes… »
À la veille de la célébration de la Journée Internationale de la Femme, la ministre de l’action sociale, de la promotion de la femme et de l’alphabétisation, Adjovi Lonlonyo Apédoh-Anakoma a accordé une interview spéciale aux professionnels de médias. Après avoir souligné l’importance du choix du thème de cette célébration, la ministre Apédoh-Anakoma révèle les efforts fournis par le gouvernement togolais en matière du genre et de lutte contre la pauvreté. Lisez plutôt !
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Journaliste : La célébration de 8 MARS est une occasion pour la communauté internationale de réfléchir sur un sujet donné en matière de genre et de promotion de la femme. Madame la Ministre, pouvez-vous nous rappeler le thème retenu au niveau international et au niveau national pour cette année et ce qui sous-tend ce choix ?
Ministre : Le 8 mars prochain, tel qu’ancré dans les habitudes depuis plusieurs décennies, la communauté internationale va célébrer la journée internationale de la femme placée cette année sous le thème : « Investir en faveur des femmes, accélérer le rythme ».
Ce thème est fondé sur le constat que partout dans le monde, un ralentissement a été remarqué dans la mise en œuvre des programmes et projets visant l’égalité entre les sexes au regard de l’horizon 2030. Cette situation est due à un déficit de financement engendré par les multiples crises auxquelles le monde est confronté ces dernières années, notamment les crises économiques, les conflits, les changements climatiques et les effets persistants de la Covid-19.
Au Togo, sans faire abstraction de ce thème international, la célébration est placée sous le thème : « Investir en faveur des femmes : renforcer l’inclusion financière et la représentation des femmes dans la vie publique et politique ».
Le choix de ce thème a été fait au regard des efforts fournis par notre pays à ce jour en matière de genre et de lutte contre la pauvreté, notamment en considérant les acquis du Fonds national de la finance inclusive qui célèbre ses 10 ans de parcours cette année, et en perspective des élections qui auront lieu également cette année pour lesquelles la participation des femmes doit être renforcée.
Journaliste : Vous venez de relever que le FNFI a célébré ses dix ans de parcours. Combien sont ces femmes ayant bénéficié de ces fonds et quel est l’impact sur ces bénéficiaires ?
Ministre : Le FNFI est une réponse institutionnelle aux contraintes spécifiques d’accès des populations aux services financiers de base qui a développé plusieurs outils pour atteindre toutes les cibles.
Il ressort du rapport du ministère chargé de l’inclusion financière qu’après 10 ans de mise en œuvre, 72% des crédits octroyés aux bénéficiaires sont revenus aux femmes.
Par rapport aux autres initiatives, on a :
le Projet d’appui à l’employabilité et à l’insertion des jeunes dans les secteurs porteurs (PAEIJ-SP) qui a permis la création de 840 123 emplois indirects, dont 41% par les femmes ;
Le Projet d’appui à l’inclusion financière des femmes vulnérables (PAIFFV), initié en 2016, qui a permis d’octroyer 15 251 crédits aux femmes vulnérables ;
Quant au Projet d’appui aux investissements agricoles des jeunes (PAIAJ), sur 8 308 emplois indirects créés, 38% ont été à l’actif des femmes.
En résumé, il faut noter que la politique d’inclusion financière a permis non seulement une plus grande autonomie financière aux femmes, mais aussi a encouragé un entrepreneuriat permettant de contribuer au développement de leur communauté et de participer à la croissance économique du pays.
Journaliste : Quelle est la situation des femmes au Togo en matière d’autonomisation économique et d’entreprenariat ?
Ministre : Les entreprises créées par les femmes ont connu un essor considérable avec la réduction et la suppression de plusieurs taxes depuis quelques années maintenant. Ainsi, entre 2019 et 2021, le nombre d’entreprises créées par les femmes au Togo est passé de 3049 à 3739, soit une progression de 24%, selon les données du Centre de formalités des entreprises (CFE).
Selon les données de l’INSEED (Institut national de la statistique et des études économiques et démographiques) en 2021, l’entrepreneuriat féminin au Togo est principalement concentré dans le secteur informel (52%). Les femmes sont représentées à 81 % dans le commerce, 70 % dans la transformation agro-alimentaire et 40 % dans le secteur vestimentaire.
Selon le rapport Women Business and Law 2021 de la Banque mondiale, le Togo est le 7ème pays en Afrique sub-saharienne où l’égalité professionnelle et l’entrepreneuriat féminin se développent le plus.
D’autres initiatives telles que le programme de formation des femmes des marchés du Togo en leadership et gestion des micro-entreprises, le projet d’autonomisation des femmes rurales au Togo (PAFeRT), le mécanisme incitatif de financement agricole (MIFA) et l’octroi de quotas de 25 % aux femmes et jeunes entrepreneurs dans la passation des marchés publics ont permis de renforcer l’autonomisation économique des femmes.
Par ailleurs, la création de la plateforme industrielle d’Adéticopé contribue, non seulement à la réduction du chômage de façon générale, mais aussi à l’autonomisation économique de la femme et de la jeune fille de façon spécifique.
Journaliste : Quel est la situation de la participation de la femme togolaise à la vie publique et politique ?
Ministre : Nombre d’initiatives ont été entreprises dans divers domaines pour donner aux hommes et aux femmes, les chances égales pour une meilleure participation à la gestion des affaires de la cité et pour une amélioration notable des conditions de vie des citoyens à tous les niveaux.
A titre d’exemple, on note une amélioration du cadre juridique pour permettre aux femmes de jouir de leurs droits. La réduction de moitié des frais de caution pour les femmes dans le cadre des élections dans le pays.
Davantage de confiance a été faite aux femmes à travers leur ascension aux sphères décisionnelles, notamment à la tête des institutions comme la primature, le parlement, le Haut-Commissariat à la réconciliation et au renforcement de l’unité nationale (HCRRUN) et dans la gouvernance locale avec l’élection de plus de 12% de femmes lors des municipales de 2019 et l’entrée au gouvernement de 12 femmes sur 35 ministres soit, un taux de 34,28% en 2023.
Journaliste : Votre mot de fin
Ministre : Je ne saurai terminer cet entretien sans saluer la détermination, la résilience et le savoir-faire des femmes togolaises. Leur contribution est importante pour le développement du pays. Le Gouvernement reste toujours à leurs côtés, à nos côtés, pour davantage d’égalité de chances et d’opportunités entre les femmes et les hommes au Togo, conformément à la vision politique du Chef de l’Etat.
Je saisis l’occasion pour renouveler nos sincères gratitudes aux différents partenaires techniques et financiers pour leur constante sollicitude.
Aux organisations de la société civile, je voudrais renouveler la reconnaissance du Gouvernement pour leur précieuse contribution à l’œuvre de la promotion de l’égalité entre les sexes dans notre pays.
Pour vous, les acteurs des médias, je voudrais exprimer ma reconnaissance pour le travail d’information et de sensibilisation que vous ne cessez de réaliser en portant la voix et les initiatives du Gouvernement aux populations partout sur l’étendue du territoire national et au-delà.
Je sais compter sur vous pour relayer au maximum cette célébration, en commençant par la cérémonie d’apothéose qui aura lieu le vendredi 8 mars 2024 à Kpalimé au Lycée de KPODJI, à partir de 9 heure.
Je vous remercie
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