À travers ses tribunes mensuelles, le journaliste togolais, Michel Takpah ne ménage aucun effort pour faire des propositions alléchantes pour le développement de l’Afrique. Après avoir révélé les problèmes qu’engendrent les élections présidentielles en Afrique, Takpah affirme qu’on doit repenser à un autre modèle étatique dans nos divers pays.
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Résident aux USA depuis quelques années, l’économiste togolais, Michel Takpah n’a jamais cessé de penser à son continent. Tout en analysant minutieusement les réalités de chaque pays, l’ancien présentateur de l’émission « Regard Croisé » sur la chaîne New World TV, insiste et persiste que « la priorité des élites doit être la mise en forme la plus aboutie d’un État central fort ». Lisez plutôt !
Afrique subsaharienne: système républicain (encore) à rude épreuve
Alors que se profilent à l’horizon les élections présidentielles en Côte d’ivoire, au Cameroun, en Centrafrique ou encore en Tanzanie, l’Afrique au sud du Sahara sera encore le théâtre de tous les débats d’occasion.

En effet, ce rendez-vous républicain incontournable dans la vie de la nation, est source de conflits et crises souvent très prévisibles. La cause : un refus et/ou une difficulté du tenant de la magistrature suprême à pouvoir jouer franc-jeu avec les autres acteurs du terrain politique.
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Résultat, une crispation de l’atmosphère sociopolitique qui ressurgit la plupart du temps sur l’économie globale et le train de vie de la population, entre exil et stagnation. Cette difficulté de transition politique sereine dans cette région du monde, remet en question le système politique même de nos Etats,
Un système politique désuet et/ou inadapté ?
Face à la récurrence des crises, surtout en période électorale, la question revient ; ne serait-on pas en face d’un système qui ne tient plus la route ? Ce problème a été abordé de manière institutionnelle par le Togo qui a changé de système politique en mars 2024, en passant d’un système présidentiel à un système parlementaire.
Un régime parlementaire où le pouvoir exécutif est désormais exercé par un Président du Conseil des ministres, élu par le Parlement. Même si la forme du changement constitutionnel reste largement discutable dans le cas togolais, cette approche a été justifiée par le gouvernement qui argue que cette réforme vise à éviter les crises électorales et à stabiliser le pays.
Une remise en cause et un rejet clair du système républicain présidentiel au suffrage universel, mais qui laisse transparaître une certaine volonté de captation du pouvoir, une caractéristique même qui rend le système présidentiel désuet et inadapté à la sociopolitique des pays africains subsahariens.
Ainsi, par l’exemple togolais ci-exposé, on revient à la question fondamentale de départ, qui est la difficile cession du pouvoir dans le système présidentiel. On remarque par cette illustration, qu’en soit la question de la tombée en désuétude du système républicain présidentiel n’est pas la cause totale, mais plutôt l’inégale répartition des capacités au sein du personnel politique africain.
Un parti présidentiel sortant qui semble détenir les règles du jeu électoral qui d’emblée met en péril le jeu démocratique, affaiblissant toute forme d’opposition sérieuse. Sinon comment peut-on expliquer que le Ghana avec le système semi-présidentiel, le Nigeria avec son système présidentiel fédéral et malgré les clivages ethniques ou encore le Sénégal sont parvenus depuis plusieurs années maintenant à asseoir une alternance efficace source de vitalité démocratique.
Repenser un modèle étatique africain ?
L’inefficacité avérée du système politique présidentiel hérité de la France, force le débat au sein de l’opinion publique africaine depuis plusieurs années. Avec en ligne de mire, la conception, puis l’adoption de systèmes plus adéquats adaptés à la sociologie politique de la sous-région.
Pour ceux qui jugent que la stabilité tient du modèle politique, ils donnent en exemple le royaume du Maroc qui a un taux de croissance soutenu depuis plusieurs années avec une stabilité politique qui contraste avec ses pairs du continent. A l’autre extrême, certains observateurs estiment que la stabilité politique tient plus de l’indépendance de l’armée, la force décisive dans la liaison entre les institutions de la République.
Cet argument est soutenu par la vague de putsch qui a balayé le Sahel ces dernières années et du fait que dans la plupart des systèmes où l’alternance est difficile voire impossible, l’armée est inféodée à l’élite politique.
Toutes ces réflexions, aussi cohérentes et pertinentes les unes que les autres montrent à suffisance, que la marche vers la pleine autonomie des Etats africains est encore longue. Loin de tout discours souverainiste, et des vents d’autarcie politique qui soufflent sur le continent, la priorité des élites doit être la mise en forme la plus aboutie d’un Etat central fort.
Le bilan en Afrique subsaharienne est pour l’instant sans appel ; depuis les vents de démocratisation et du multipartisme, les régimes politiques ont été mis à rudes épreuves, surtout en période électorale. Ce qu’on a nommé la “tentation du 3ème ou 4ème mandat” s’est répandue telle une épidémie dans la sous-région.
Depuis, c’est 04 mandats désormais pour Alassane Ouattara en Côte d’ivoire, un troisième pour Faustin Archange Touadera en Centrafrique , un six mandats de sept ans pour le président de la Guinée équatoriale Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, qui détient le record mondial de longévité au pouvoir pour un chef d’Etat encore vivant, hors monarques soit 46 ans de règne, Denis Sassou N’guesso qui cumule 41 années de pouvoir au Congo Brazzaville ou encore Paul Biya au Cameroun avec ses 43 ans de vie présidentielle , sans oublier Paul Kagame qui est au pouvoir au Rwanda depuis le 24 mars 2000 soit 25 ans, Yoweri Musseveni depuis 39 ans pour ne citer ce cas exceptionnel de pays anglophones.
Michel Glory Samuel TAKPAH
Journaliste togolais.
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