À l’approche de la fin d’année, un phénomène récurrent se produit : des milliers de personnes, au-delà de leurs différences et conflits, se retrouvent pour échanger des vœux de bonheur, de prospérité, et… de pardon. Ce geste, censé symboliser la réconciliation, est souvent perçu comme une tradition de circonstance. Mais est-il réellement motivé par une volonté sincère de guérison ou n’est-il qu’une façade, une forme d’hypocrisie sociale ?
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Le Pardon de Fin d’Année : Un Acte de Façade ?
Le pardon de fin d’année est une pratique courante dans de nombreuses sociétés, et en particulier en Afrique de l’Ouest, où les festivités de fin d’année prennent une ampleur particulière. C’est une période où les individus, après des mois de tensions, de rancœurs, ou de non-dits, se retrouvent souvent dans une sorte de cérémonie collective de réconciliation. On s’échange des excuses et des vœux sincères, mais est-ce vraiment un moment où l’on cherche à réparer les blessures profondes ? Ou est-ce simplement une formalité, une manière de clore l’année dans une ambiance festive et apaisée ?
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Il est évident que l’influence de la tradition joue un rôle majeur. En Afrique de l’Ouest, la fin d’année est marquée par des retrouvailles familiales et communautaires, et les événements festifs peuvent être un terrain propice aux réconciliations. Cependant, beaucoup se demandent pourquoi ces moments de pardon n’interviennent que lorsque l’année touche à sa fin, comme si c’était le seul moment propice à la guérison des liens brisés. Ce besoin de « clôturer » les relations de manière positive semble parfois plus être une obligation sociale qu’une réelle démarche d’humilité.
La Pression Sociale de « Bien Faire »
Les relations humaines sont souvent régies par un ensemble de codes sociaux, et la fin d’année devient un moment où la pression de « faire bien » et de maintenir des apparences sociales s’intensifie. Dans certains contextes, les excuses sont formulées plus par obligation ou par crainte d’être jugé que par un désir sincère de réconciliation. On assiste alors à une sorte de spectacle, où les relations superficielles prennent le pas sur la véritable réparation. La question qui se pose alors est de savoir pourquoi ces paroles de pardon ne sont-elles pas prononcées tout au long de l’année, lors des conflits qui surgissent au fil du temps.
Cette dynamique amène à une réflexion plus profonde : le pardon ne serait-il qu’un artifice pour combler un vide relationnel plutôt qu’un acte véritable de guérison ? L’humilité et l’acceptation de l’autre, des valeurs fondamentales en Afrique de l’Ouest, ne devraient-elles pas être pratiquées en permanence et non juste à la fin de l’année ?
Le Vrai Sens du Pardon : Humilité et Acceptation de l’Autre
Pourtant, dans de nombreuses cultures ouest-africaines, le pardon est un concept puissant et profond. Il s’ancre dans la notion de « togetherness« , cette idée que l’individu n’est jamais complet sans l’autre. Le pardon, loin d’être un simple acte symbolique, fait partie intégrante des valeurs de la communauté. Le fait de pardonner, ou d’être pardonné, permet de rétablir l’harmonie au sein de la famille ou de la société.
L’humilité, par exemple, est une vertu importante qui implique de reconnaître ses faiblesses et d’accepter l’autre, malgré ses défauts. Dans plusieurs sociétés ouest-africaines, la reconnaissance de l’erreur personnelle et l’acceptation de l’autre sont des signes de maturité. Cependant, la pratique du pardon reste parfois délicate, en particulier lorsque les relations sont marquées par des conflits anciens ou des injustices passées. Le pardon est alors perçu comme un moyen de restaurer l’équilibre et de maintenir la paix sociale, mais il doit être sincère pour qu’il puisse véritablement guérir les blessures.
Pourquoi Attendre la Fin de l’Année pour Pardonner ?
La question demeure : pourquoi attendre la fin de l’année pour faire acte de pardon ? Plusieurs facteurs entrent en jeu. Tout d’abord, la fin d’année est un moment symbolique de renouveau. Le passage à une nouvelle année est perçu comme un « reset« , une occasion de repartir à zéro, d’oublier les rancœurs et d’ouvrir un nouveau chapitre. Cette temporalité crée un cadre propice à la réconciliation. Cependant, ce geste semble parfois se limiter à un acte cérémonial plutôt qu’une démarche profondément sincère.
D’autre part, la fin d’année est également un moment de rétrospection. L’introspection individuelle à la veille du Nouvel An pousse souvent les individus à réfléchir sur leurs actions passées, à identifier leurs erreurs et à réparer les relations abîmées. Cependant, cette démarche de réconciliation est parfois influencée par des attentes sociales et des pressions familiales, plutôt que par une volonté réelle de transformation personnelle.
L’Importance de la Pratique Quotidienne de l’Humilité
L’humilité et l’acceptation de l’autre ne devraient pas être des valeurs saisonnières. Les sociétés d’Afrique de l’Ouest, à travers leurs traditions, ont toujours accordé une place importante au respect de l’autre. Mais dans un monde où les conflits interpersonnels sont souvent exacerbés par la modernité et la mondialisation, il devient primordial d’ancrer ces valeurs dans la vie quotidienne. Au-delà des excuses de fin d’année, il est essentiel que les individus apprennent à vivre dans l’humilité et la reconnaissance de l’autre tout au long de l’année.
Le Pardon comme Chemin de Transformation
Le pardon de fin d’année est sans doute un moment privilégié de réconciliation, mais il ne doit pas être vu comme une solution ponctuelle aux conflits de l’année écoulée. La véritable essence du pardon réside dans l’humilité, l’acceptation de l’autre et la volonté de guérir les relations au-delà des circonstances. Si les sociétés africaines continuent de chérir ces valeurs, il est essentiel de les mettre en pratique au quotidien, plutôt que de les réserver à un moment précis de l’année. Le pardon, dans sa forme la plus authentique, ne se limite pas aux derniers jours de l’année ; il doit être un choix conscient, un engagement pour la paix intérieure et collective tout au long de l’année.
Dimitri AGBOZOH-GUIDIH
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