Le président du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR), Robert Yao Daté, s’est exprimé longuement sur l’actualité politique nationale. Sans détour, Daté a évoqué les sujets qui minent la cohésion sociale et menacent la stabilité du pays notamment les détentions politiques, l’affaire Grâce Koumayi, les expulsions sur réserves administratives, la mobilisation citoyenne et la nécessité, selon lui, d’aller vers une cogestion.
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« On n’a pas à arrêter une personne pour des opinions exprimées »
Devant les professionnels de médias jeudi 27 novembre 2025 au siège du CAR, Robert Yao Daté s’est prononcé sur l’actualité socio-politique du Togo. Revenant sur l’arrestation de la sage-femme Grâce Koumayi, le président du CAR dénonce une atteinte aux libertés fondamentales. Selon lui, les opinions même critiques ne sauraient justifier une privation de liberté.
« À ce que je sache, la dame n’a insulté personne. Elle n’a fait que dénoncer la gouvernance qui se passe », a affirmé Robert Yao Daté avant de préciser que cette arrestation s’inscrit dans un schéma plus large.
« Beaucoup de détenus politiques sont dans ce cas. Le CAR ne comprend pas pourquoi on les garde en prison », a-t-il laissé entendre en dénonçant une situation contraire aux principes démocratiques.
Concernant les allégations de viol avancées par l’intéressée, le président du CAR insiste sur la gravité du sujet et plaide pour une enquête indépendante afin d’établir les faits.
« Elle est sage-femme, elle sait ce que c’est que violer l’intimité d’une femme. Si c’est avéré, c’est très grave. Il faut sanctionner les auteurs », a déclaré Daté.
Grève de la faim à la prison civile de Lomé : « Ce qui se passe est dangereux »
Alors que plusieurs détenus politiques auraient entamé une grève de la faim, Robert Yao Daté met en garde : « Ce qui se passe au Togo est dangereux. Si on continue comme ça, on prépare des lendemains incertains, et ce n’est bon pour personne. On ne bâtit pas un pays en étouffant les voix critiques ».
Dans la foulée, le président du CAR demande la libération immédiate de tous les détenus politiques. « Il faut libérer ces détenus pour le bonheur de tout le monde », a-t-il prévenu.
Réserves administratives : « L’État doit respecter les droits humains »
La récente injonction faite à des occupants de libérer des réserves administratives suscite également la préoccupation du CAR. Le parti du feu Me Agboyibo rappelle avoir saisi la CNDH, qui « a pris le dossier à cœur ». Pour Robert Yao Daté, les populations ne doivent pas payer pour les erreurs de l’administration.
« L’État est une continuité. C’est l’État lui-même qui a délivré des papiers légaux aux gens. On ne peut pas venir les chasser de force aujourd’hui », a-t-il affirmé.
Par ailleurs, Daté se félicite du report de la date limite annoncée, et espère un autre. « Pour le bonheur de tout le monde, cette date doit encore être repoussée », a-t-il souhaité.
Mobilisation citoyenne : « Un peuple debout oblige le pouvoir à trouver des solutions »
Sur la faiblesse de la mobilisation de l’opposition, le président du CAR reconnaît une lassitude au sein des populations. Toutefois il appelle ces dernières à ne pas céder au découragement.
« Un peuple qui est couché, le dictateur marche. Mais lorsqu’il est debout, le gouvernant sait qu’il y a problème et doit trouver des solutions ».
À propos de la manifestation prévue le 8 décembre prochain, le président Daté reste prudent. Le CAR ne se positionne pas comme organisateur, cependant il faut reconnaître que le phénomène des mobilisations spontanées issues des réseaux sociaux révèle un malaise profond que le gouvernement doit mesurer.
« Attention. Ce qui se profile avec les réseaux sociaux est dangereux. Si les gouvernants n’avaient pas dribblé les partis politiques, on n’en serait pas là », a souligné Robert Daté avant de préciser que le CAR ne lance pas d’appel officiel à sortir, mais avertit sur la gravité de la situation sociale.
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Le regard du CAR sur l’actualité socio-politique de la sous-région
Évoquant la crise en Guinée-Bissau et les changements constitutionnels au Bénin, le leader du CAR se montre sévère.
« Ce qui s’est passé au Bénin est un drame et le CAR condamne cela. La constitution est sacrée. Pour toucher à ce qui est sacré, il faut avoir l’avis de tout le monde », a déclaré Daté avant de se prononcer sur la Guinée Bissau en affirmant que : « dès que les élections ne donnent plus d’espoir, on arrive aux dérives ».
Dans la foulée, il salue le Botswana, qu’il cite comme exemple de stabilité démocratique. « Ils sont des noirs comme nous. Pourquoi nous, nous n’arrivons pas à faire comme eux ? ».
La cogestion : « Le chemin pour que le Togo devienne l’or de l’humanité »
Au cœur des échanges figure la cogestion, présentée comme une solution transitoire indispensable pour garantir l’apaisement et préparer un véritable essor national. Pour Robert Yao Daté, la cogestion n’est ni un gouvernement d’union, ni une cogouvernance.
« On confond tout. La cogestion, c’est la seule voie pour stabiliser le pays pendant un temps donné, avant d’aller à une démocratie classique qui permettra au pays de décoller. Si nous voulons que notre pays devienne l’or de l’humanité, il faut une stabilité sur un certain temps », a-t-il indiqué.
Selon lui, cette approche serait la garantie d’un climat apaisé et d’un développement réel.
Budget 2025 : des interrogations sur la transparence
Face à l’augmentation de 14 % du budget national, le CAR s’interroge. « Où trouve-t-on l’argent ? Si ce ne sont que des dettes, il y a problème ». Par ailleurs, le parti demande un audit complet des exercices précédents.
« Est-ce qu’on a audité les budgets passés ? Avant d’aller s’endetter, on doit nous dire ce que les budgets passés ont donné. C’est pour cela qu’on parle de cogestion. Tout le monde doit voir le budget posé sur la table et l’étudier minutieusement », a souhaité Daté.
Message à la jeunesse : « L’espoir ne doit pas rester seulement sur les réseaux sociaux »
Robert Yao Daté invite la jeunesse à jouer son rôle dans le changement politique. La jeunesse togolaise doit s’engager non seulement sur les réseaux sociaux mais également dans les actions politiques sur le terrain.
« Lorsque nous faisons un meeting de 1 000, 2 000 ou 5 000 personnes, les gouvernants commencent à se poser des questions. Alors les jeunes ne doivent pas se décourager mais plutôt garder de l’espoir », a souligné Daté.
Pour conclure, le président du CAR dénonce le fait que l’accès à l’emploi soit souvent conditionné par l’adhésion au parti au pouvoir. « Les gens n’ont pas demandé à naître dans telle localité ou dans telle famille. Donc pourquoi devrait-on exiger qu’ils soient dans un parti avant de travailler ? Il faut arrêter ça », a-t-il conclu.
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