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Le président Pascal Adjamagbo rend un vibrant hommage à un martyr du 23 septembre

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Pascal Kossivi Adjamagbo, le président du Mouvement du Peuple pour la Liberté (MPL), a rendu un vibrant hommage à Omer Adoté, un martyr du 23 septembre 1985. Lisez plutôt !

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En mémoire de mon oncle Omer ADOTE, martyr de la démocratie togolaise, mort sous la torture il y a exactement 40 ans le 23 septembre 1985

Par le Professeur Pascal Kossivi ADJAMAGBO
23 septembre 2025

L’acte fondateur du régime héréditaire, sexagénaire, dictatorial togolais est un parricide, l’assassinat à l’aube du dimanche 13 janvier 1963 de celui qui est à la fois Père de l’indépendance togolaise et Père de la nation togolaise, à l’exclusion du Général Gnassingbe Eyadéma, comme Mahatma Gandhi est à la fois Père de l’indépendance indienne et Père de la nation indienne, le Président Sylvanus Olympio.

Ce parricide n’a fait qu’inaugurer une série macabre et sacrificielle de plusieurs milliers de martyrs de la démocratie togolaise, sacrifiés sur l’autel du régime héréditaire, sexagénaire, dictatorial togolais, notamment les vingt-deux martyrs de la lagune de Bè à Lomé en avril 1991, les centaines de martyrs de la place Fréau Jardin le 25 janvier 1993 en présence des ministres français et allemands de la coopération, les milliers de martyrs de février-mars-avril 2005 de la succession héréditaire à la tête du régime héréditaire togolais, et plus récemment en fin juin 2025 les huit martyrs de la lagune d’Adakpamé à Lomé.

Parmi ces martyrs qui sont devenus des étoiles dans la nuit noire de la démocratie togolaise, plus nombreux que les trois mille étoiles visibles à l’œil nu la nuit à partir d’un coin de la terre, brille avec un éclat particulier une étoile, Omer Adoté, mort sous la torture dans les prisons du régime héréditaire togolais le 23 septembre 1986, exactement un an avant que l’aviation française n’ait évité aux forces de sécurités du régime héréditaire togolais une déroute spectaculaire face à l’attaque armée par une branche armée de l’opposition togolaise le 25 septembre 1986. C’est cette délivrance peu glorieuse par la France que les forces de sécurité du régime héréditaire togolaise continuent à célébrer tous les 23 septembre depuis 1987.

Omer Adoté, sacrifié à 50 ans, est le petit frère de même père et de même mère que ma mère, Cornélie Dédé Adoté épouse Adjamagbo, qui l’a accueilli pendant près d’un an avec toute sa famille chez elle à son retour de l’Allemagne de l’Est en 1968, avant son installation dans une résidence du chemin de fer du Togo où il était un brillant ingénieur en mécanique, et avant son irradiation arbitraire de la fonction publique togolaise pour des raisons politiques en 1977 par le dictateur-père togolais dans l’affaire montée de toute pièces des « professeurs égarés ».

Omer Adoté était l’oncle adoré des frères et sœurs de ma fratrie, un « grand frère » modèle pour ses qualités humaines extraordinaires, son ingéniosité en mécanique, son amour pour le sport sous plusieurs formes, et surtout pour sa culture, sa clairvoyance, et son courage politiques face aux dérives du régime dictatorial togolais.

Ce courage a atteint son paroxysme et a forcé l’admiration par la dignité avec laquelle il a subi les tortures horribles qui ont fini par venir à bout de la force exceptionnelle de la nature qu’était Omer Adoté.

C’est cette admiration qui a amené l’historien togolais Têtêvi Godwin TETE-ADJALOGO, qui a aujourdhui 97 ans et qui n’a jamais connu Omer Adoté de son vivant, contrairement à des figures politiques togolaises comme Gilchrist Olympio, Edem Kodjo, Jean Lucien Sanvi de Tové, Léopold Gnininvi, Norbert Bikpi, Jean-Pierre Fabre, à consacrer tout un livre à la mémoire d’Omer Adoté, publié en 2004 chez l’Harmattan, sous le titre « Omer Adoté, un martyr politique du Togo ».

C’est ce que cet historien a lui-même écrit avec les termes élogieux suivants dans l’introduction de son livre cité : « Mais qui était donc ce martyr hautement emblématique des jours contemporains du Togo, de l’Afrique ? Je n’ai nullement eu le privilège de rencontrer Omer Darius Gabriel Aka Adoté en personne … Mais alors pourquoi décider de se lancer dans la redoutable aventure consistant à rédiger une biographie de cet homme, si sommaire soit-elle ? C’est parce que je suis tombé littéralement amoureux d’Omer Aka Darius Gabriel Adoté dès l’instant où je suis entré en contact avec sa mémoire. Oui, j’ai subi un véritable coup de foudre au contact de la mémoire de cet héros et martyr ».

Pour communier aux souffrances d’Omer Adoté dues aux tortures horribles sous lesquelles il est mort, et pour voir en face la monstruosité des crimes de sang du régime héréditaire dictatorial togolais, sans parler ici de ses crimes économiques, tous les togolais, et même tous les humains, doivent lire le témoignage poignant suivant d’un témoin oculaire du terrifiant assassinat d’Omer Adoté, Dr Siméon Kwami Occansey, publié dans son livre « Si Eyadema m’était conté », publié à Accra en 2000. L’extrait cité de ce livre est publié dans l’introduction du livre cité de Têtêvi Godwin TETE-ADJALOGO et lui a été confirmé par un autre témoin oculaire des tortures horribles dont est mort Omer Adoté, Dr Antoine Randolph, qui encore en vie et toujours actif à Colmar en France.

« En septembre 1985, l’ingénieur Omer Adoté, soupçonné d’avoir lu des tracts diffama-toires à l’endroit d’Eyadema et pour n’avoir pas consenti à se faire délateur du Docteur Ati Randolph et de sa sœur Micheline, fut torturé à mort devant nous-même, alors pensionnaire au « Camp Boirot » de Lomé, ce grand laboratoire où la torture est expérimentée sous toutes ses formes.

Dans cette galère, où je passai 51 jours parce qu’ainsi le voulait le Timonier National, on n’entendait que des cris, des hurlements, des gémissements, des râles de ceux qu’on travaillait, qu’on brisait et qu’on démembrait par la torture.

Témoin oculaire, nous accusons formellement le lieutenant Pellow d’avoir torturé à mort Omer Adoté. C’est lui qui le ramena dans notre cellule à la « grande porte » le 11 septembre 1985 vers 21 heures, pieds et poings menottés comme un mouton qui était destiné à l’abattoir. Libéré de ses liens vers 22 heures, Pellow et son équipe commencèrent l’interrogatoire musclé d’Omer jusqu’à minuit avant de le laisser sur le carreau, totalement épuisé, méconnaissable.

Les jours qui suivirent, Omer Adoté fut soumis à la diète noire : enfermement en cellule, sans nourriture, sans eau. Trois fois par jour, Pellow venait le chercher pour le travailler dans le bureau du Lieutenant Bitho. Comme il s’opiniâtrait dans la dénégation ou le mutisme, on le tenaillait longuement avec des pinces chauffées au rouge. Au bout d’une semaine, tout le corps de son individu était brûlé.

Fin de la deuxième semaine, Adoté n’en pouvait plus. Il vomissait du sang. Ses râles amusaient Pellow qui les mettait au compte de la comédie et de la simulation. Le 22 septembre, Adoté subit encore un ignoble interrogatoire au cours duquel on lui enfonça le goulot d’une bouteille dans l’anus. Peu de temps après, il tomba dans un état comateux.

Quand avec certains « gardés à vue », particulièrement le brave Monsier Sego, après avoir pris soin de le langer comme un bébé, puisqu’il saignait abondamment, nous le transportâmes dans le camion qui devait le conduire au Centre hospitalier de Lomé-Tokoin, nous savions que c’en était fini d’Omer. Voici au Togo, « pays de paix et des Droits de l’Homme », où peuvent conduire de simples soupçons ».

Le lendemain de l’assassinat d’Omer Adoté, ma mère et mon père furent convoqués par le dictateur-père au camp militaire de Tokoin pour voir le corps du petit frère de ma mère. Ils découvrirent un trou béant dans le flanc gauche de son corps au niveau de sa pointure.

Ils comprirent que ses tortionnaires et tueurs lui avaient arraché le cœur après sa mort, conformément à un rite macabre kabye qui veut que le tueur arrache et mange le cœur de sa victime estimé particulièrement vaillant, dans l’espoir de s’approprier sa force.

Sachant que le peuple d’Israël, à sa sortie d’Egypte, ne traversa le désert que durant quarante ans avant d’entrer dans la « terre promise », que « colonisation » allemande au Togo ne dura que 30 ans de 1884 à 1914, que la « colonisation » française officielle au Togo ne dura que quarante ans de 1920 à 1960, que l’horrible régime de l’Apartheid en Afrique du Sud n’a duré que 43 ans de 1948 à 1991, que le terrible régime héréditaire des Duvalier en Haïti avec ses terribles « tontons macoute » ne dura que trente-neuf ans de 1957 à 1986, que le tout aussi terrible et corrompu régime héréditaire des Bongo n’a duré que 56 ans de 1967 à 2023, et que le régime héréditaire opprimant des Gnassingbé qui a déjà duré plus de 58 ans de 1967à 2023 est le plus long régime héréditaire au monde après celui de la Corée du Nord, les togolais ne peuvent pas ne pas demander à Dieu, en paraphrasant la finale du célèbre roman « Pleure, Ô pays bien aimé » de l’auteur sud-africain Alan Paton : « quand se lèvera l’aurore de notre libération, celle qui nous affranchira de l’esclavage de la dictature et de la dictature de l’esclavage ? » Dieu répondra sans doute par les derniers mots du roman cité : « cela est un secret ! », conformément à cette confidence du Christ en Matthieu 24,36 : « Mais ce jour et cette heure, nul ne les connaît, ni les anges des cieux, ni le Fils, personne sinon le Père et lui seul ».

Marc GNAZOU

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