Mali : la réalité que la junte ne peut plus cacher, selon le journaliste Michel TAKPAH

Mali : la réalité que la junte ne peut plus cacher, selon le journaliste Michel TAKPAH

Partager

Dans son analyse, le journaliste et économiste Michel Glory Samuel TAKPAH replace la crise malienne dans une histoire de fractures identitaires et d’insurrections armées. Tout en mettant en lumière l’écart grandissant entre les promesses sécuritaires des juntes sahéliennes et la réalité du terrain, le journaliste togolais affirme que l’assassinat de la jeune tiktokeuse, Mariam Cissé illustre la situation où, malgré la propagande officielle, les groupes djihadistes étendent leur contrôle et accentuent l’effondrement des services publics au Mali. Lisez plutôt !

CLIQUEZ SUR CE LIEN POUR RECEVOIR TOUS LES JOURS NOS ARTICLES

Les juntes à l’épreuve du terrorisme: victoire ou déni de réalité(cas du Mali)

Principe actif des coups d’etats qui ont secoué la sous-région au cours de ces dernières années, l’insécurité et la menace djihadiste n’ont pas laché du lest sur le terrain. C’est ce que montrent les tendances et chiffres recueillis par de nombreux instituts d’observations sécuritaires. A titre d’exemple, les rapports indiquent une augmentation drastique de la violence au Sahel entre 2020 et 2024. En 2024, le Sahel représentait environ 51 % de tous les décès liés au terrorisme dans le monde, un chiffre en hausse par rapport aux années précédentes, notamment depuis 2019 où il s’est quasiment décuplé selon le rapport du GTI (Global Terrorism Index).

A LIRE AUSSI : Tribune : Le journaliste Michel Takpah se prononce sur l’actualité togolaise

Dans ce maelstrom socio-sécuritaire, et à l’encontre de tout principe républicain, les pouvoirs se sont endurcis; entre musellement de la presse, des voix dissidentes ou encore dissolution des partis politiques, le bilan est loin des promesses de putsch.

Guerre de communication-guerre contre le terrorisme

Vendredi 07 octobre 2025, Mariam Cissé, tiktokeuse suivie par près de 100 mille personnes a été assassinée sur une place publique de la ville de Tonka (localité située à environ une centaine de kilomètres de Tombouctou). Ce crime a été commis par des djihadistes présumés qui l’accusaient de collaborer avec l’armée malienne selon les détails fournis par la famille de la jeune femme.

Cet incident, qui est la suite d’une longue série d’événements sombres, vient rappeler une fois encore que face à la guerre de la communication et de propagande entreprises par les juntes(fermeture de plusieurs médias internationaux, d’institutions etc…), la réalité affiche une autre couleur. La faiblesse avérée du pouvoir central face au contrôle total de ses frontières, que ce soit au Mali, au Burkina-Faso, ou encore au Niger, ou la collaboration avec le groupe mercenaire Africa corps(ex-Wagner), sont depuis plusieurs années déclinantes.

Comment imaginer que sur une promesse de restauration de la sécurité, de la souveraineté intégrale, on puisse subir un blocus de la part d’un groupe djihadiste qui s’en vante et en fait la propagande face à un gouvernement central qui semble désemparé.
Et souvent de par les crises précédentes, le réflexe du gouvernement malien, qui au lieu de trouver des solutions privilégie la contre-propagande, le déni.

Cette situation a provoqué la fermeture des écoles, de certaines administrations et de plusieurs activités importantes.
Les principaux axes routiers et commerciaux reliant le Sénégal, la Mauritanie et le Mali sont par ailleurs contrôlés et bloqués par les membres du JNIM. A l’instar de la capitale Bamako, plusieurs autres villes sont sous le coup d’une pénurie de carburants. La ville de Mopti et ses quelques 600 000 habitants survivent sans électricité;

Alors que les juntes aux pouvoirs s’accordent des périodes de prorogations, et entrent dans une phase d’éternisation, le discours souverainiste semble s’effriter.

Il faut néanmoins rappeler que dans le contexte, la guerre du Mali est un ancien conflit ethno-nationalistes entre les factions touaregs revendiquant l’autorité d’un État distinct de l’Etat central. Ravivée en 2012, la guerre du Mali a été favorisée par la guerre civile libyenne qui a emporté Mouammar Kadhafi.

En effet, profitant du pillage des arsenaux militaires libyens, des groupes salafistes djihadistes et indépendantistes pro-Azawad avaient lancé une insurrection sur Bamako avec en ligne de mire la vision sécessionniste, celle de créer l’Etat de l’Azawad. Parmi elles, les touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, indépendantiste), Ansar Dine (salafiste), Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI, djihadistes) ou encore le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO).
Aujourd’hui, Le JNIM se positionne comme une coalition djihadiste sahélienne issue de la fusion en mars 2017 d’Ansar Dine, de la katiba Al‑Mourabitoun, de l’aile saharienne d’AQMI et de la katiba Macina,fidèle à Al‑Qaïda.

Michel Glory Samuel TAKPAH

Journaliste et économiste togolais

Laisser un commentaire