Au Togo, le mariage précoce prive encore 19,3% des jeunes filles, âgées de 20 à 24 ans, de leur droit fondamental à une enfance protégée et à une éducation complète (Enquête MICS 2022). Cette réalité, bien que difficile, est un appel pressant à une mobilisation collective où la foi doit être une force libératrice plutôt qu’un obstacle.
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Depuis toujours, les religions enseignent la dignité inaliénable de chaque être humain, en particulier la vulnérabilité sacrée des enfants. Le programme « Foi et Justice de Genre » conduit par Faith to Action Network (F2A), a engendré le projet « Protéger l’enfance, un devoir sacré », qui s’appuie sur cette conviction profonde, en réunissant les leaders religieux chrétiens, musulmans et traditionnels pour réaffirmer que la protection des filles contre le mariage des enfants est un devoir sacré partagé.
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La Révérende Lucie Mensah rappelle dans ses sermons : « Notre foi nous interpelle à veiller sur l’innocence et à offrir aux filles la lumière du savoir et de la liberté». Au cœur de cette démarche se trouve la transformation des mentalités, par la mise en œuvre d’une éducation holistique où la scolarité est complétée par l’éducation à la santé sexuelle, la formation à la vie, et le renforcement de la confiance en soi.
L’éducation, moteur de prospérité et de résilience communautaire
Ce combat spirituel et social s’appuie sur des données lourdes de sens : seulement 50% des filles atteignent la fin du premier cycle secondaire au Togo, et dans certaines régions rurales, jusqu’à 70% des jeunes filles abandonnent l’école avant le collège (UNESCO, Statistiques de l’éducation au Togo, 2023).
Pourtant, chaque année supplémentaire de scolarisation réduit de 5% le risque de mariage précoce, un fait que les familles et communautés doivent intégrer dans leur cœur et leurs pratiques, car l’éducation est l’une des voies les plus sûres vers la dignité et l’autonomie.
Par ailleurs, l’investissement dans la scolarité des filles, selon la Banque mondiale, augmente leur revenu futur de 10 à 20%, favorisant ainsi la prospérité et la résilience communautaire. (Banque Mondiale, Returns to Investment in Education, 2023) Mais la tâche demeure ardue, car la pratique persistante de la dot continue de peser lourdement sur les choix familiaux, nourrie par la pauvreté et des traditions anciennes qui, détournées de leur sens réel, réduisent les filles à de simple bien économique.
À l’échelle nationale, l’éducation des filles représente un levier de croissance incontournable. Pourtant, de nombreuses familles continuent de privilégier le mariage précoce, souvent perçu comme une solution économique immédiate.
Foi et Justice de Genre : une approche holistique pour transformer les mentalités
Face à ces défis, la parole de l’Imam Agodomou, qui affirme que « la protection des enfants est un commandement sacré commun à toutes nos religions », devient un phare pour guider les consciences.
La campagne digitale interconfessionnelle « Protéger l’enfance, un devoir sacré », portée par F2AN, mobilise les communautés à travers des contenus multilingues et multicanaux accessibles et des échanges dans les lieux de culte, contribuant à une prise de conscience collective qui rompt avec la complicité silencieuse d’hier.
Le combat est lancé : bâtir un avenir où chaque fille peut apprendre, rêver, et décider librement de son destin, selon un plan inscrit dans les engagements du Togo en lien avec les Objectifs de Développement Durable, qui ambitionne d’éliminer le mariage des enfants d’ici 2030 (Rapport national du Togo sur les Objectifs de Développement Durable, 2023).
L’approche holistique : des solutions intégrées pour un changement durable
La réponse à ce défi multidimensionnel nécessite une approche systémique. Les programmes les plus efficaces combinent sensibilisation communautaire, soutien scolaire, accompagnement psychosocial et formation professionnelle. Ils intègrent également les leaders religieux et traditionnels, dont l’influence reste déterminante dans les communautés.
Face à cette situation, le projet « Foi et Justice de Genre » de Faith to Action Network promeut une vision intégrée de l’éducation. Il ne s’agit plus seulement d’assurer l’accès à l’école, mais de garantir une éducation continue et complète qui prépare les filles à tous les aspects de la vie.
L’éducation holistique des filles apparaît ainsi comme la clé pour briser le cycle intergénérationnel de la pauvreté et des inégalités. Investir dans leur formation complète, c’est investir dans le développement durable de toute la nation togolaise.
Cette approche comprend l’éducation sexuelle et reproductive, le développement des compétences socio-émotionnelles, l’initiation à l’entreprenariat et le renforcement de l’estime de soi. Autant d’éléments essentiels pour former des femmes épanouies, capables de contribuer au développement de leurs communautés.
Cette mission est un appel à la foi active, à l’alliance fraternelle entre laïque et sacré, pour que la justice et la miséricorde s’incarnent dans la protection la plus sacrée : celle de l’enfance.
Source : Journalsikaa.tg



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