Devant les professionnels de média mercredi 22 novembre 2023, la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP) s’est prononcée sur les conclusions du rapport de l’audit du fichier électoral fournies par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Voici l’intégralité de la déclaration liminaire de la DMP !
DECLARATION LIMINAIRE DE LA CONFERENCE DE PRESSE DU 22 NOVEMBRE 2023
Mesdames et Messieurs les journalistes, chers militants et sympathisants des organisations membres de la DMP, nous vous saluons très chaleureusement et vous souhaitons la bienvenue à notre rencontre de ce jour avec la presse.
Le sujet principal de ce rendez-vous concerne l’actualité de la conférence de presse de la CENI annonçant un audit du fichier électoral par des experts de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) en prévision des élections législatives et régionales.
Cependant avant d’entrer dans le vif du sujet, permettez-nous de nous prononcer sur un certain nombre
d’évènements ayant eux aussi marqué l’actualité nationale et internationale récente.
1- Ferdinand AYITE lauréat du Prix CPJ Africa 2023
Avant toute chose, la conférence des présidents de la DMP se réjouit de la prestigieuse distinction décernée à votre confrère Ferdinand AYITE, Directeur de Publication de l’Alternative par le CPJ (Comité de protection des journalistes), le 16 novembre dernier, à New York aux États-Unis.
La DMP adresse ses vives félicitations à M. Ferdinand AYITE qui, avec courage et abnégation fait un travail remarquable pour éclairer ses concitoyens Togolais sur les sulfureux dossiers de notre République.
Ce prix décerné à notre compatriote, désormais contraint de vivre en exil depuis le mois de mars 2023, pour se mettre à l’abri de l’oppression et de la persécution planifiée par nos gouvernants, est un désaveu cinglant pour le régime RPT-UNIR qui cherche tout sauf le mieux-vivre ensemble et l’épanouissement intégral de nos concitoyens.
La DMP trouve regrettable que ce valeureux journaliste qui pourrait efficacement aider les personnalités et les institutions de notre pays à s’approprier les valeurs de démocratie et de transparence dans leur fonctionnement, se retrouve hors de son pays sous la menace de la justice qui est pourtant censée protéger les faibles contre l’injustice et les abus.
2- L’acte historique et la leçon de Georges WEAH, président sortant du Libéria qui accepte sa défaite à l’issue des dernières élections présidentielles.
Les résultats de la dernière élection présidentielle au Libéria, un pays membre de la CEDEAO sont connus depuis quelques jours, donnant le candidat de l’opposition Joseph BOAKAÏ gagnant devant le président sortant Georges WEAH.
Contrairement à ce qu’on pouvait craindre et qui constitue une pratique courante de nombreux chefs d’Etat Africains, en quête de mandat supplémentaires et parfois illégaux, le président Georges WEAH, au regard des résultats sortis des urnes, a courageusement félicité son adversaire, reconnaissant ainsi humblement et courageusement sa défaite.
La DMP estime que c’est une grande leçon administrée par le président Libérien à ses pairs de l’espace CEDEAO. Elle félicite également la Commission Electorale Indépendante qui a organisé des élections transparentes non contestées, facilitant ainsi l’acceptation de l’échec par le perdant. La DMP exprime son admiration aux personnalités membres de cette institution pour leur degré de responsabilité et la probité morale dont elles ont fait preuve.
Il y a certainement là aussi une leçon à retenir par les institutions chargées de gérer les élections qui en organisant des élections frauduleuses sont à la base des contestations engendrant des violences politiques dont les populations sont souvent victimes.
La DMP félicite chaleureusement le Président Georges WEAH pour ce geste d’élégance et de patriotisme doublé de sagesse qui l’a guidé à se hisser au-dessus des pratiques anti-républicaines dont sont coutumiers, ses collègues surtout francophones, de la sous-région.
La DMP félicite également le nouveau président élu du Libéria et se réjouit de l’alternance intervenue encore une fois de manière pacifique dans ce pays frère de l’Afrique de l’Ouest.
La DMP invite enfin les autorités Togolaises à apprendre la leçon que les Libériens viennent de nous donner.
3- L’incarcération des journalistes Loïc Lawson et Anani Sossou, suite à la plainte du Ministre d’Etat ADEDZE Kodjo.
La DMP exprime une fois encore son indignation face à cette injustice flagrante dont sont victimes les journalistes Loïc Lawson et Anani Sossou.
Elle dénonce vigoureusement la tournure que les autorités politiques et judiciaires tentent de donner à ce dossier en cherchant à noyer la vraie affaire pour s’occuper des questions subsidiaires de montant de la somme volée au domicile du membre de gouvernement concerné.
En effet, la DMP exprime ses vives préoccupations par le fait, que la justice ne se soit pas saisie de cette affaire en ouvrant une enquête sérieuse pour déterminer les circonstances du vol présumé et révélé par les deux journalistes et déterminer l’origine des fonds mis en cause afin d’éclairer les Togolais. Pourquoi s’acharne-t-on contre les journalistes au lieu de s’occuper des intérêts des togolais lésés par la gouvernance non transparente des fonds publics ?
La DMP condamne cette instrumentalisation de la justice et demande la libération des deux journalistes.
4- Les milices du RPT Unir ont mis à exécution leurs menaces à l’égard de M. Poro EGBOHOU membre de la conférence des Présidents de la DMP
Dans notre communiqué de presse, du 17 Octobre 2023, nous dénoncions les menaces proférées par des milices bien identifiés du RPT Unir envers notre collègue Poro EGBOHOU lors du déplacement d’une délégation de la DMP dans la région de la Kozah pour des réunions de sensibilisation.
Les milices disaient en substance à M. Poro et les membres de sa délégation ce dimanche 15 Octobre 2023 que s’ils persistaient à tenir des réunions politiques à Kara leurs véhicules seront incendiés. Le week-end suivant celui de cet incident, M. Poro était retourné à Kara pour tenir sa réunion et le samedi 09 Novembre 2023, sa voiture Toyota Prado immatriculée TG 5813 AL a été incendiée aux environs de 19heures dans la localité appelée Avedze dans la Préfecture de Zio sur la voix reliant Agbélouve et Zafi.
La DMP considère cet acte comme très grave et constitue des menaces sérieuses pour la paix sociale et exige que le gouvernement fasse toute la lumière sur cet acte criminel et demande au gouvernement qui est censé protéger et garantir la sécurité pour tous les citoyens à mettre fin aux activités des milices qu’il n’a pas hésité par le passé à désigner comme ʺdes groupes d’auto-défenseʺ.
Par ailleurs, la DMP fustige les arrestations arbitraires et la détention en prison pendant plusieurs jours d’une quarantaine de personnes à leur sortie de mosquée après les prières, sous prétexte des besoins d’enquête sur les actes terroristes qui se propagent malheureusement dans la région des savanes.
5- L’audit du fichier électoral par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF),
La Commission Électorale Nationale Indépendante, lors d’un point de presse le mercredi 15 novembre,
a rendu publiques, les conclusions du rapport de l’audit du fichier électoral qu’elle aurait commandité auprès de l’OIF.
La DMP tient à informer l’opinion nationale et internationale qu’elle a appris pour la première fois l’information de l’audit du fichier électoral par l’OIF au cours de l’émission audi actu du mardi 14 novembre 2023 sur la radio victoire à travers l’intervention de l’invité du jour, M. BELEKI Akoété Président de la CPP.
Cette nouvelle est pour la DMP d’autant plus surprenante et surréaliste qu’elle intervient dans un contexte national où le processus électoral conduit et instrumentalisé par le régime semble bloqué, avec cette conséquence grave que le mandat de l’Assemblée Nationale Togolaise va expirer le 31 décembre 2023 sans que le pays n’ait été capable d’organiser des élections permettant au peuple togolais de choisir ses nouveaux représentants. Aussi la DMP a-t-elle d’abord résolu d’aller à la
rencontre de l’OIF pour comprendre davantage de quoi il est question. A sa demande, une délégation a donc été reçue le lundi 20 novembre par Madame Thi Hoang Mai TRAN, Représentante de l’OIF pour l’Afrique de l’Ouest, accompagnée de deux (02) de ses collaborateurs. La Représentante de la Francophonie a donné à la délégation conduite par Mme Kafui ADJAMAGBO JOHNSON la coordinatrice générale de la DMP, des précisions sur la genèse de cette mission et sa conduite jusqu’à la conclusion délivrée dans le point de presse du week-end dernier.
Les points suivants ressortis de la conférence de presse des experts ont été confirmés par la
Représentante de l’OIF :
• Sur la base de la Déclaration de Bamako de 2000, qui encadre désormais les actions de l’OIF en matière électorale, l’OIF a été sollicitée par le gouvernement pour procéder à l’audit du fichier électoral obtenu à l’issue du recensement électoral qui s’est déroulé du 29 Avril au 14 juin 2023.
• La représentation régionale de la Francophonie a saisi la Secrétaire Générale à Paris qui a dépêché la mission d’audit des experts qui ont séjourné au Togo du 20 au 27 octobre.
• Selon les dires de la Représentante de l’OIF, cette équipe d’experts de la Francophonie a travaillé avec une commission mixte composée des membres de la CENI à savoir, les représentants du parti majoritaire à l’Assemblée nationale, les représentants des partis de l’opposition parlementaire, les représentants des partis de l’opposition extra-parlementaires et les représentants de la société civile au sein de la CENI.
• La mission des experts de l’OIF est composée d’un Chef de mission, d’un Expert en informatique, d’un Expert juriste et d’un Expert Statisticien démographe.
• La Représentante a repris les conclusions du rapport d’audit quant à la fiabilité du fichier électoral audité, et recommandé à la délégation de s’adresser à la CENI pour avoir plus de précision sur la composition de la commission mixte qui a suivi les travaux d’audit affirmant que son bureau n’a eu qu’un rôle d’assistance logistique à la mission des experts.
• Elle a insisté sur la transparence, l’inclusivité de la démarche de la mission, son indépendance et son impartialité.
Indignés par ce qu’ils ont entendu, les membres de la délégation de la DMP ont indiqué à l’OIF qu’on ne peut pas parler de la transparence d’une mission d’audit de fichier électoral qui en début de mission n’a daigné informer ni les parties prenantes ni les populations auxquelles elle devrait se sentir redevable, de ce qu’elle est venue faire dans le pays. Elle a affirmé qu’alors que l’OIF n’en n’est pas à sa première mission d’audit au Togo, on ne peut comprendre qu’elle ait choisi de travailler dans la clandestinité et l’opacité contrairement à sa mission ayant précédé les élections présidentielles de
2015.
Si la mission avait été transparente et inclusive, la DMP, partie prenante au processus aurait informé les experts sur des éléments de contexte suivant qui leur aurait permis d’apprécier l’environnement dans lequel se déroule l’audit :
Au vu de tous ces éléments connus de tous les Togolais, la DMP a dit à l’OIF qu’on ne peut donc pas conclure que le fichier électoral obtenu des derniers recensements est fiable et a considéré que l’OIF , en acceptant de procéder à l’audit du fichier dans les conditions oὺ il s’est déroulé, a compliqué le problème contre lequel se battent les togolais qui veulent l’alternance démocratique, qui est celui du refus du régime d’organiser des élections transparentes et démocratiques pour ne pas perdre le pouvoir.
Au lieu d’aider à organiser des élections transparentes, l‘OIF a joué le jeu du pouvoir qui, se sachant en difficulté avec une partie de son opposition est allé la chercher pour intervenir en catimini. L’OIF qui au lieu d’aider à résoudre le problème Togolais apparaît comme faisant lui-même partie du problème. Elle portera aux yeux de la DMP et des togolais la responsabilité des développements déplorables éventuels de l’acte qu’elle a posé, à moins qu’elle se ravise.
La DMP a averti l’OIF de ce que pour elle cet audit du fichier électoral n’est pas fiable et ne peut par conséquent être accepté. Aucune élection frauduleuse ne sera plus acceptée au Togo. Voilà pourquoi elle continuera à se battre avec les togolais qui dans leur immense majorité sont fatigués de ce régime et de ses manœuvres pour se maintenir au pouvoir.
Les togolais épris de la volonté de changement et admiratifs des alternances qui se produisent ailleurs continueront de se battre pour que ces changements se produisent chez eux aussi.
C’est pour cela qu’elle réitère ses exigences pour des élections transparentes et démocratiques à savoir :
1-La libération des prisonniers politiques
2-Le retour de tous les exilés politiques
3-Des réformes urgentes concernant le découpage électoral, la recomposition de la CENI et de la Cour Constitutionnelle, les réformes du cadre électoral.
Toutes ces exigences ont fait l’objet d’un mémorandum que la DMP a remis le 18 octobre 2023 à la mission des Nations Unies au cours de notre dernière rencontre avec la mission dépêchée à Lomé. Le même mémorandum a été remis à l’OIF lors de notre dernière rencontre. Il sera envoyé à tous les autres partenaires du Togo pour leur permettre d’accompagner véritablement notre pays pour une sortie de crise moins onéreuse. Ce mémorandum sera rendu public à la fin de notre conférence de presse.
La DMP voudrait saisir l’opportunité de la présente conférence de presse pour réaffirmer que les problèmes du Togo ne sauraient se ramener aujourd’hui à la simple question électorale.
Le Togo, malade du refus de démocratie par ceux qui président à ses destinés depuis bientôt 60 ans, nécessite une assise inclusive qui doit déboucher sur une transition politique inclusive avec une gouvernance transparente et vertueuse qui devra être de rigueur pour un véritable développement répondant aux aspirations et intérêts des populations. Cela est d’autant plus urgent et impératif parce que le gouvernement actuel perdra toute légitimité à partir du 31 décembre 2023 date de l’expiration du mandat de l’actuelle Assemblée Nationale d’où il tire sa légitimité.
La DMP rappelle utilement à toute la communauté nationale et internationale que le gouvernement a l’obligation d’organiser les élections législatives au plus tard le 30 novembre 2023. Ne pas respecter ce délai constituera une violation de notre constitution. Il est aussi important de clarifier que l’alinéa 11 de l’article 52 de notre constitution qui stipule que les députés ou les sénateurs sortants restent en fonction jusqu’à la prise de fonction de leurs successeurs ne doit souffrir d’aucune fausse ou malveillante interprétation.
Les Togolais doivent comprendre que l’esprit de cette partie de notre constitution ne veut aucunement dire que les députés sortants doivent rester en fonction jusqu’à l’élection de leurs remplaçants mais plutôt jusqu’à leur prise de fonction, cela suppose qu’ils ont été déjà élus et sont en transition pour leur prise de fonction. L’article 52 ne peut aucunement être utilisé pour prolonger le mandat des députés, seul le peuple est habilité à conférer un nouveau mandat à ses représentants à travers des élections transparentes et démocratiques.
La DMP demande à toutes les forces politiques véritablement engagées pour l’alternance au Togo, à toutes les organisations syndicales, aux associations de défenses des droits des citoyens et à toutes les populations éprises de paix et de la bonne gouvernance de se mobiliser au regard des enjeux de ce moment crucial de notre pays, pour qu’ensemble, nous sortions notre cher patrie de l’immobilisme , de la mauvaise gouvernance et de l’oppression qui appauvrissent et avilissent de plus en plus les Togolais.
Fait à Lomé, le 22 Novembre 2023.
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