Pendant longtemps, les élections en Afrique et ailleurs dans le monde ont été perçues comme l’affaire des hommes. Pourtant, les femmes représentent plus de la moitié de la population et constituent une force politique, économique et sociale incontournable. La participation des femmes aux élections, qu’elle soit en tant qu’électrices, candidates ou actrices du processus électoral, est aujourd’hui un véritable enjeu de société. C’est un indicateur de vitalité démocratique, de progrès social et de justice.
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Dans cet article, LENEUTRE plonge au cœur de ce débat fondamental : pourquoi la représentation féminine reste-t-elle marginale dans nos processus électoraux, et comment faire évoluer les lignes pour bâtir une démocratie plus inclusive ?
L’état des lieux : des chiffres encore faibles, malgré les avancées
En Afrique, de nombreux pays ont adopté des lois sur la parité ou des quotas favorisant l’accès des femmes aux postes électifs. Des progrès ont été réalisés : le Rwanda, l’Afrique du Sud, le Sénégal ou encore l’Éthiopie affichent des taux de représentation féminine au Parlement parmi les plus élevés au monde. Mais cette réalité reste une exception.
Dans plusieurs pays, les femmes continuent de faire face à des obstacles culturels, économiques, juridiques et sociaux majeurs. Moins nombreuses à se présenter aux élections, elles le sont encore plus rarement à y être élues. Par ailleurs, même lorsqu’elles accèdent à des fonctions politiques, leur pouvoir réel reste souvent limité, cantonné à des ministères dits « sociaux » ou à des rôles consultatifs.
Les obstacles à la participation des femmes
Les normes socioculturelles et les stéréotypes de genre
Dans de nombreuses sociétés africaines, les femmes sont encore perçues comme des êtres de l’ombre, destinées au foyer. Se lancer en politique, un espace historiquement masculin, reste mal vu. Les femmes doivent souvent affronter la pression familiale, communautaire, et même religieuse.
Le manque de moyens financiers
Faire campagne coûte cher. Les femmes, ayant un accès réduit aux ressources économiques, peinent à financer leur participation aux élections. Les partis politiques, souvent dirigés par des hommes, leur accordent peu de soutien logistique ou financier.
La violence politique et symbolique
Les femmes en politique sont régulièrement victimes de violences : intimidation, harcèlement, campagnes de diffamation, voire agressions physiques. Ces violences, en ligne ou dans la vie réelle, découragent de nombreuses femmes à s’engager.
Un cadre juridique parfois insuffisant
Même si certains pays ont légiféré sur la parité, l’application de ces textes est souvent symbolique, voire contournée. L’absence de sanctions, le manque de volonté politique ou les failles institutionnelles freinent leur mise en œuvre.
Pourquoi la participation des femmes est-elle essentielle ?
Une démocratie véritablement représentative
Une démocratie sans les femmes n’est qu’une demi-démocratie. La participation féminine permet une représentation plus juste et équilibrée des intérêts de toute la population.
Une amélioration de la gouvernance
Des études ont démontré que la présence des femmes dans les instances de décision améliore la transparence, réduit la corruption et renforce l’efficacité des politiques publiques, notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la justice sociale.
Un levier pour le développement durable
Les Objectifs de Développement Durable (ODD) soulignent l’importance de l’égalité des sexes (ODD 5) comme condition à la réalisation des autres objectifs. Inclure les femmes dans les processus électoraux est donc un levier pour la transformation globale des sociétés africaines.
Des initiatives qui portent leurs fruits
Dans plusieurs pays africains, des associations, ONG et mouvements citoyens travaillent d’arrache-pied pour former, encadrer et soutenir les femmes dans leur parcours politique.
Des programmes de mentorat et de leadership féminin voient le jour pour préparer les jeunes femmes à occuper des fonctions électives ;
Des campagnes de sensibilisation sont menées dans les communautés pour briser les stéréotypes ;
Des plateformes numériques permettent aux femmes politiques de se rendre visibles et de mieux faire entendre leurs propositions.
Des figures emblématiques comme Ellen Johnson Sirleaf (Libéria), Sahle-Work Zewde (Éthiopie), Aminata Touré (Sénégal) ou Victoire Tomegah Dogbé (Togo) montrent que les femmes peuvent non seulement participer, mais aussi exceller au plus haut niveau.
Les pistes pour une inclusion durable
Renforcer les lois sur la parité et en garantir l’application réelle
Il est impératif de rendre les quotas obligatoires et sanctionnables en cas de non-respect.
Former les femmes à la politique et au leadership
Des formations ciblées sont essentielles pour renforcer les capacités des femmes, notamment en communication, stratégie électorale et gestion de campagne.
Financer les candidatures féminines
Les partis politiques et les organismes de financement doivent créer des fonds dédiés aux femmes candidates.
Lutter contre la violence politique
Il faut adopter des mécanismes de protection pour les femmes engagées en politique et sensibiliser les citoyens à l’impact de ces violences.
Une société équitable passe par les urnes
La participation des femmes aux élections ne doit plus être vue comme une faveur ou un geste symbolique, mais comme une nécessité démocratique et sociétale. C’est par les urnes, par la voix et par la représentativité que les femmes pourront pleinement jouer leur rôle dans la transformation de l’Afrique.
Pour bâtir une société juste, inclusive et durable, il faut des femmes dans les conseils municipaux, les assemblées nationales, les partis politiques, et pourquoi pas, à la tête des États. La balle est dans le camp de tous : dirigeants, citoyens, partis, médias et société civile. Car une démocratie qui ignore ses femmes est une démocratie qui s’ignore.
Dimitri AGBOZOH-GUIDIH
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