L’ancien député à l’Assemblée nationale et président du parti NET, Gerry Taama a révélé trois raisons qui font que les manifestations et marches ne marchent pas au Togo. Lisez plutôt !
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Pourquoi les marches ne marchent pas
Ayons le courage de le dire. Il n’y a pas eu de marches ce samedi 30 août. Un groupe a accompagné Mme Gnakadé, un autre était derrière Aamron, avec sa courageuse maman, et c’est tout. J’ai vu quelques leaders de la société civile, esseulés, et quelques hommes politiques de touche pas à ma constitution, seuls, eux aussi. Le peuple de Lomé a choisi soit de rester à la maison, ou majoritairement, de vaquer à ses occupations.
Pourquoi ça ne marche pas? J’avais déjà fait un article dessus et je ne vais pas revenir sur les 7 raisons. Aujourd’hui, j’en fais trois.
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La première et la plus importante, c’est la peur. Ce samedi la ville était quadrillée par les forces de défense. Elles étaient partout. Mais c’est surtout la dissuasion des manifestations précédentes. Les gens ont été frappés, molestés, emprisonnés, certains sont morts au mois de juin. Nous avons vu les images sur les réseaux sociaux. Et les responsables de ces actes n’ont pas été inquiétés. Si vous observez bien, beaucoup qui étaient au devant des manifestations du 6 juin se sont fait discrets. Celui qui a été mordu par le serpent a peur du lombric. Les Togolais ont peur. Sans un effet de foule, qui fera spontanément sortir 100000 Togolais dans les rues, cette peur persistera. L’ennui, c’est que les marches annoncées de longue date amèneront toujours les autorités à prendre leurs dispositions en amont. Et donc, déployeront les forces de défense, toujours.
La seconde raison c’est la lassitude, doublée d’un certain défaitisme. Les jeunes ne le savent certainement pas, mais les Togolais sont sans doute le peuple de l’Afrique de l’ouest qui a le plus marché. Avant l’indépendance, on a marché pour protester contre le colon, sous le parti unique, on a marché pour soutenir, et depuis les années 90, on marche pour protester. Et depuis 30 ans, les marches n’ont rien donné. Au contraire, les marchés ont brûlé, les gens sont partis en exil, d’autres ont fini en prison, et plus dramatique, nombreux sont morts. Et malgré tout ça, rien n’a changé. Les gens sont devenus fatalistes. Et c’est compréhensible.
Dernière raison, le réalisme. La vie est devenue très difficile à Lomé. Nous sommes à l’ère du “un tiens vaut mieux que deux on ne sait pas si tu l’auras”. Chacun préfère courir derrière le peu qui le nourrit. Ce qu’on pouvait observer ce samedi 39 août était surtout l’indifférence. Les gens étaient méfiants le 6 juin, dubitatif lors les marches suivantes et là, ils ont devenus indifférents. Chercher du pain quotidien, c’est le plus important.
Mais attention, ce qui vient après la peur, c’est la révolte individuelle qui conduit à la révolution. Nous finirons par y arriver, à cette extrémité, surtout que toutes les décisions qui sont prises aujourd’hui renforcent le mécontentement. Cette révolution ne viendra pas d’appels à manifester mais d’un incident social anodin, qui libérera les chevaux et déclenchera les torrents. Nul ne sait ni le jour, ni l’heure. Mais ça arrivera. Et quand viendra le moment, les riches prendront les avions pour disparaître, et c’est les pauvres hères qui ont mangé 2000f, qui paieront les pots cassés. Malheureusement.
Il faut trouver d’autres formes de résistance, qui maintiennent l’éveil. À mon sens. Il n’y a plus de sens de continuer à appeler à des manifestations. Les anciens ont tout donné et les jeunes ont peur et ils ont raison. Sauvez votre vie tant que ce n’est pas 100 000 personnes qui sont dans la rue.
Que pensez-vous de trois raisons ?
Gerry
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