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« Quand les rivaux partagent la Table : (ALOKPLI), La Commensalité toxique qui tue nos jeunes en silence »

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Ils mangent « Quand les Rivaux Partagent la Table : La Commensalité Toxique Qui Tue Nos Jeunes en Silence », sourient ensemble, se photographient ensemble. Et pourtant, derrière les éclats de rire, les poignées de main, les accords politiques ou commerciaux, les jeunes meurent. Pas toujours d’un coup de feu. Souvent d’un silence. D’un abandon. D’un pacte qui ne les inclut pas.

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La commensalité des rivaux — cette étrange complicité entre ennemis déclarés — reste insaisissable. Et pendant qu’elle opère, elle ronge les fondations d’une jeunesse désarmée.

Commensalité : le partage d’un repas… ou d’un mensonge ?

Dans son sens originel, le mot commensalité désigne l’acte de manger ensemble. Mais au cœur du théâtre social et politique africain, il a pris une tournure sinistre : celle du pacte tacite entre rivaux publics, qui se disputent le pouvoir le jour, mais dînent ensemble le soir.

Ces alliances contre nature, souvent scellées dans l’ombre, entre dirigeants, élites économiques, chefs religieux ou figures influentes, échappent à la compréhension populaire. Mais leurs effets sont tangibles : elles produisent l’illusion du conflit, tout en assurant la permanence des privilèges.

Et les premières victimes de ce théâtre cynique sont les jeunes, instrumentalisés dans les rues, ignorés dans les décisions.

Une jeunesse prise au piège du spectacle

Prenons l’exemple des jeunes manifestants de Ouagadougou, des militants étudiants de Kinshasa, des jeunes électeurs désabusés d’Abidjan. Partout, la jeunesse croit encore au discours. Elle descend dans la rue. Elle s’indigne. Elle crie.

Mais dans les coulisses, ceux qu’elle croit opposés sont souvent unis par des intérêts communs.

« Le vrai pouvoir ne s’exerce pas devant les caméras. Il se négocie autour des buffets », confie un ancien député ouest-africain sous anonymat. « Pendant que les jeunes crient ‘Justice !’, ceux d’en haut signent des compromis. Ils se nourrissent mutuellement. »

Quand la violence devient silencieuse

Cette forme de complicité ne tue pas toujours avec des armes. Elle tue autrement :

Elle tue l’espoir, quand les élections sont confisquées dans des deals d’arrière-salle.

Elle tue la créativité, quand les fonds de développement sont détournés vers des clans partagés.

Elle tue l’élan, quand le jeune entrepreneur se heurte à une administration corrompue et verrouillée.

Elle tue la révolte, quand ceux qui crient se rendent compte que tout était déjà joué.

Cette commensalité, précisément parce qu’elle est insaisissable, est plus dangereuse que la guerre ouverte.

La paix des puissants, la guerre des pauvres

La table des rivaux n’est jamais dressée au hasard. Elle se dresse pour maintenir l’ordre établi. Le prix de cette paix entre élites, c’est le chaos permanent chez les jeunes. Que ce soit dans les quartiers périphériques ou les villages isolés, la jeunesse subit les conséquences de décisions prises sans elle, mais contre elle.

Et ce n’est pas seulement une question de politique. C’est aussi une logique économique.

Les chefs d’entreprise concurrents se réunissent dans des clubs fermés pour fixer des prix. Les chefs religieux se sourient en public tout en alimentant des divisions en coulisse. Les médias rivaux s’accordent sur ce qu’il ne faut pas dire. Tout cela, pendant que les jeunes cherchent une vérité à laquelle croire.

L’absence de rupture réelle : une répétition infinie

D’un pays à l’autre, les cycles se répètent. La révolution est confisquée. L’espoir est monnayé. Les héros deviennent complices. Les rivaux deviennent associés.

Ce que la jeunesse ne comprend pas toujours, c’est que ceux qui prétendent s’affronter ne veulent pas vraiment se renverser. Ils veulent se succéder. Ou, pire, se stabiliser ensemble.

Et dans cette stabilité figée, le changement meurt. La jeunesse devient spectatrice d’un film qui n’a pas été écrit pour elle.

Comment sortir du piège ?

La solution n’est ni dans la colère seule, ni dans la résignation. Elle réside dans la lucidité. Comprendre que le véritable affrontement n’est pas entre les figures visibles, mais entre les systèmes invisibles.

Il faut refuser d’être le combustible de guerres symboliques. Refuser de mourir pour des idéologies qui ne survivront pas aux accords de table.

Créer des alternatives. Inventer de nouvelles formes de solidarité. Et surtout, manger à sa propre table.

Briser la table, ou ne plus s’y asseoir ?

Tant que les jeunes continueront à croire que les ennemis d’hier sont sincèrement opposés aujourd’hui, ils continueront d’être sacrifiés demain.

Il est temps de comprendre la mécanique silencieuse de la commensalité des rivaux. De la dénoncer. Et surtout, de créer un espace où les jeunes ne soient plus les spectateurs de la mascarade, mais les architectes du réel.

Car le véritable combat ne se joue pas sur les plateaux télé. Il se joue dans la capacité à dire non à la table piégée.

Dimitri AGBOZOH-GUIDIH

Marc GNAZOU

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