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Quel avenir pour l’Afrique avec un nouveau président de la Commission de l’Union africaine ?

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L’élection d’un nouveau président à la tête de la Commission de l’Union africaine (UA) est toujours un moment clé pour l’avenir du continent. Entre espoirs de renouveau et inquiétudes liées aux nombreux défis qui minent l’Afrique, cette nomination suscite un vif débat. Conflits armés, divisions internes entre États membres, pressions géopolitiques, ingérences étrangères, coups d’État militaires et manipulations constitutionnelles font de la mission du président de la Commission de l’UA une tâche ardue.

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La question cruciale demeure : ce changement à la tête de l’organisation panafricaine peut-il véritablement transformer l’Afrique et lui redonner sa souveraineté, ou assiste-t-on à une énième réorganisation institutionnelle sans impact réel sur les aspirations des peuples africains ?

Un continent miné par les conflits et divisions internes

L’Afrique est aujourd’hui confrontée à une multiplication des conflits internes et régionaux qui fragilisent son unité.

La crise au Sahel : L’insécurité grandissante due aux groupes terroristes en Mali, au Burkina Faso et au Niger, combinée à la rupture entre ces pays et la CEDEAO, crée un climat d’instabilité qui s’étend à toute l’Afrique de l’Ouest.
L’instabilité en République démocratique du Congo (RDC) : Les tensions entre le gouvernement congolais et le Rwanda, accusé de soutenir le M23, sont une menace majeure pour la paix en Afrique centrale.

Les tensions politiques et coups d’État militaires : Depuis 2020, plusieurs pays africains ont vu leurs dirigeants renversés par des militaires (Mali, Guinée, Burkina Faso, Gabon, Niger), témoignant d’un rejet grandissant des élites politiques en place.

Les divisions économiques et institutionnelles : L’échec d’une intégration économique forte se traduit par des rivalités entre organisations régionales (CEDEAO, AES, EAC, CEMAC, SADC), empêchant une politique africaine unifiée.

Entre conflits, divisions, sabotages et imposition de constitutions : un continent en quête d’unité et de souveraineté. Un leadership à l’épreuve des défis africains.

Face à cette fragmentation, l’Union africaine peine à imposer une vision cohérente et une véritable médiation capable de résoudre ces crises.

Un sabotage orchestré par les puissances étrangères ?

Depuis des décennies, les puissances étrangères – notamment la France, les États-Unis, la Chine et la Russie – exercent une influence considérable sur les affaires africaines, entre soutien aux régimes en place et jeux d’intérêts stratégiques.

La Françafrique et ses vestiges : La contestation des relations entre la France et ses anciennes colonies a atteint un niveau critique. Plusieurs pays ont expulsé des bases militaires françaises et dénoncent des accords économiques jugés néocoloniaux.

L’influence croissante de la Russie et de la Chine : Ces deux puissances étendent leur présence militaire, économique et diplomatique sur le continent, en soutenant parfois des régimes autoritaires contre la volonté populaire.

Le rôle des États-Unis et de l’UE : Prônant la démocratie et les droits de l’Homme, ces acteurs étrangers ne cessent d’intervenir dans les processus électoraux et de peser sur les politiques africaines, ce qui alimente la méfiance et le sentiment d’ingérence.

Le futur président de la Commission de l’UA devra donc faire face à ces jeux d’influence et affirmer une autonomie africaine encore largement contestée.

Une démocratie en péril : l’imposition de constitutions sur mesure

Un des plus grands défis qui attend le prochain dirigeant de l’UA est la question des constitutions africaines, souvent taillées sur mesure pour prolonger le règne des dirigeants en place.

Mandats présidentiels à rallonge : En Afrique centrale et de l’Ouest, des chefs d’État modifient régulièrement les constitutions pour prolonger leur pouvoir (exemple : Guinée équatoriale, Togo, Côte d’Ivoire).

Élections controversées et truquées : Le manque de transparence électorale et l’absence de véritables alternances démocratiques alimentent la colère des populations.

La répression des oppositions et la restriction des libertés : Dans plusieurs pays, les libertés d’expression et de presse sont restreintes, et les opposants politiques emprisonnés sous des prétextes fallacieux.


L’Union africaine, malgré ses principes démocratiques, reste impuissante face à ces dérives. Peut-on espérer que le nouveau président de la Commission saura imposer des normes plus strictes en matière de gouvernance et d’alternance politique ?

Quel rôle pour le nouveau président de la Commission de l’UA ?

Pour que ce changement de leadership soit synonyme d’un véritable renouveau pour l’Afrique, plusieurs actions doivent être mises en place :

Renforcer l’indépendance de l’Union africaine : L’organisation doit cesser d’être un simple outil diplomatique et peser réellement dans les décisions stratégiques du continent.

Mettre fin à l’impunité des dirigeants corrompus : L’UA doit promouvoir la bonne gouvernance et prendre des sanctions effectives contre les États bafouant les principes démocratiques.
Développer une armée panafricaine efficace : Pour faire face aux conflits internes et limiter l’ingérence étrangère, l’Afrique doit envisager une force militaire unifiée sous l’égide de l’UA.

Accélérer l’intégration économique et politique : Le projet d’une monnaie unique africaine et d’un marché commun doit devenir une priorité pour assurer la souveraineté économique du continent.

Protéger les peuples africains contre les abus constitutionnels : La Commission de l’UA doit instaurer un mécanisme de surveillance des modifications constitutionnelles et garantir le respect des institutions démocratiques.

Une Afrique à un tournant décisif

L’arrivée d’un nouveau président à la tête de la Commission de l’Union africaine est une opportunité unique pour redéfinir l’avenir du continent. Toutefois, entre conflits armés, divisions politiques, influences étrangères et dérives autoritaires, le chemin vers une Afrique unie et souveraine reste semé d’embûches.

L’UA pourra-t-elle enfin s’affranchir des logiques néocoloniales et imposer un leadership véritablement panafricain ? Ou assisterons-nous une fois de plus à une gestion bureaucratique et inefficace, loin des attentes des peuples africains ?

L’avenir de l’Afrique dépendra des choix qui seront faits dans les années à venir. Plus que jamais, l’heure est à la prise de responsabilité et à l’union des forces pour bâtir un continent fort, libre et prospère.

Dimitri AGBOZOH-GUIDIH

Marc GNAZOU

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