Le Sénégal est secoué par la publication d’un rapport de la Cour des comptes, dévoilant des anomalies significatives dans la gestion des finances publiques entre 2019 et mars 2024, période correspondant au mandat de l’ancien président Macky Sall. Ce document met en lumière des manipulations comptables, des transactions opaques et une dette publique atteignant des niveaux alarmants. Ces révélations soulèvent des questions cruciales sur la transparence et la responsabilité des précédentes autorités sénégalaises.
CLIQUEZ ICI POUR RECEVOIR TOUS LES JOURS NOS ARTICLES
Des indicateurs économiques falsifiés : Une dette publique sous-estimée
Selon le rapport, l’encours total de la dette de l’administration centrale au 31 décembre 2023 s’élève à 18 558,91 milliards de francs CFA, représentant 99,67 % du PIB. Ce chiffre est nettement supérieur aux estimations précédentes, qui annonçaient un taux d’endettement bien inférieur. Cette sous-estimation de la dette publique a des implications majeures pour la crédibilité financière du pays et sa capacité à honorer ses engagements internationaux.
Un déficit budgétaire maquillé
Le rapport révèle également que le déficit budgétaire a été largement sous-évalué. Pour l’année 2023, le déficit réel est recalculé à 12,3 % du PIB, contre 4,9 % annoncé officiellement par le précédent gouvernement. Cette manipulation des chiffres a pu induire en erreur les partenaires financiers du Sénégal et les institutions internationales, compromettant ainsi la confiance accordée au pays.
A LIRE AUSSI : Togo : Une clinique suspendue pour cette raison
Des pratiques budgétaires irrégulières : Des transactions opaques et des ventes douteuses
Parmi les irrégularités relevées, le rapport pointe la vente en 2022 de plusieurs bâtiments publics, dont le siège du gouvernement et le ministère des Finances. Ces transactions, censées renflouer les caisses de l’État, n’ont pas été enregistrées de manière transparente. Le reliquat de 157 milliards de francs CFA provenant de ces ventes n’a pas été reversé au Trésor public, soulevant des interrogations sur la destination réelle de ces fonds.
Des rattachements de recettes artificiels
Le rapport dénonce également des pratiques budgétaires irrégulières, telles que le rattachement artificiel de recettes d’une année à l’exercice précédent, dans le but de masquer l’ampleur réelle du déficit budgétaire. Ces manipulations comptables ont contribué à présenter une image faussement positive de la santé financière du pays, retardant ainsi la mise en œuvre de mesures correctives nécessaires.
Réactions et conséquences politiques : Enquêtes judiciaires en cours
Face à ces révélations, le ministre de la Justice, Ousmane Diagne, a annoncé l’ouverture d’enquêtes approfondies pour identifier et poursuivre les auteurs, co-auteurs et complices présumés de ces irrégularités financières. Ces investigations pourraient conduire à des poursuites devant les juridictions compétentes, y compris la Haute Cour de justice, et viser d’anciens hauts responsables du régime précédent.
Démentis de l’ancien régime
L’Alliance pour la République (APR), le parti de l’ex-président Macky Sall, a rejeté les conclusions du rapport, qualifiant les accusations de « manipulations » destinées à discréditer leur bilan. Lors d’une conférence de presse, les responsables de l’APR ont affirmé que les budgets concernés avaient été validés par la Cour des comptes elle-même, et dénoncent une tentative de jeter le discrédit sur l’ancien gouvernement.
Implications économiques et internationales : Suspension de l’aide du FMI
Les manipulations des indicateurs économiques ont conduit le Fonds monétaire international (FMI) à suspendre un prêt de 1,8 milliard de dollars accordé au Sénégal. Cette suspension est une conséquence directe de la découverte de ces irrégularités, mettant en évidence l’importance de la transparence et de la fiabilité des données financières pour maintenir la confiance des partenaires internationaux.
Négociations pour un nouveau programme financier
Le ministre des Finances, Cheikh Diba, a indiqué que le Sénégal espère conclure un nouveau programme avec le FMI d’ici juin 2025. Ce programme viserait à rétablir la confiance des investisseurs et des partenaires financiers, en mettant en œuvre des réformes structurelles pour assainir les finances publiques et renforcer la gouvernance économique du pays.
Vers une refonte de la gouvernance financière ?
Les révélations du rapport de la Cour des comptes mettent en lumière des dysfonctionnements majeurs dans la gestion des finances publiques du Sénégal. Cette situation appelle à une refonte profonde des mécanismes de contrôle et de transparence, afin de restaurer la confiance des citoyens et des partenaires internationaux. La mise en place de réformes structurelles et la poursuite des responsables des irrégularités pourraient constituer des étapes cruciales vers une gouvernance financière plus saine et plus responsable.
Dimitri AGBOZOH-GUIDIH
L'Alliance des États du Sahel (AES), récemment formée entre le Mali, le Burkina Faso et…
Le Nouveau Reporter organise un webinaire intitulé « Faire face aux fake news pour lutter…
Le juge prend du temps pour trancher sur le sort de l’activiste Honoré Sitsopé Sokpor.…
La démocratie, ce principe fondamental qui incarne la liberté, l’égalité et la participation citoyenne, est…
Les résultats provisoires des élections proclamées par la Commission Électorale Indépendante (CENI) dimanche 16 février…
Le combat contre les Violences Basées sur le Genre (VBG) prend une nouvelle ampleur au…