Le 15 octobre 2023, exactement 36 ans après son assassinat, le Burkina Faso a gravé dans le marbre et la pierre la mémoire de Thomas Sankara.
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Dans un climat chargé d’émotion et de symboles, le pays des Hommes intègres a inauguré un mausolée national dédié à celui que l’on surnomme « le Che Guevara africain ». Ce monument, érigé à l’endroit même où il fut assassiné, marque un tournant historique dans la reconnaissance officielle du legs de l’ancien président révolutionnaire.
Une promesse longtemps attendue
Pendant plusieurs décennies, la mémoire de Thomas Sankara a été à la fois omniprésente dans les cœurs et marginalisée dans les institutions. Son assassinat le 15 octobre 1987, dans les premières heures d’un coup d’État orchestré par son ancien camarade Blaise Compaoré, a plongé le pays dans un silence officiel où le nom de Sankara était souvent tu. Il a fallu l’insurrection populaire de 2014 et la chute de Compaoré pour que la réhabilitation de Sankara devienne un chantier national.
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La création du mausolée a été annoncée en 2020 par le gouvernement de transition et a connu plusieurs retards, notamment dus à des considérations politiques, budgétaires et à la situation sécuritaire. Mais en 2023, les travaux ont été accélérés, et le rêve est devenu réalité.
Une œuvre architecturale chargée de symboles
Situé à Ouagadougou, sur le site de l’ancien Conseil de l’Entente, lieu de son assassinat, le mausolée se dresse aujourd’hui comme un temple de mémoire. L’édifice, construit sur plus de deux hectares, mêle esthétique moderne et inspiration africaine. Il comprend :
Un mémorial en forme d’étoile noire, emblème de l’indépendance panafricaine, surplombé par une statue monumentale de Thomas Sankara, le bras levé, vêtu de son célèbre uniforme militaire et béret rouge.
Une salle d’exposition muséale retraçant sa vie, ses combats politiques, son héritage idéologique, ainsi que les circonstances de sa mort.
Un espace de recueillement où reposent les restes de Sankara, désormais réinhumés dans un cercueil digne, après les exhumations et expertises réalisées dans le cadre du procès de son assassinat.
Des fresques murales réalisées par des artistes burkinabè et africains, représentant des moments-clés de sa présidence et les valeurs qu’il a défendues : intégrité, autosuffisance, émancipation des femmes, souveraineté économique.
Une cérémonie nationale empreinte d’émotion
L’inauguration a été présidée par le capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition, en présence de la famille Sankara, de nombreuses personnalités politiques et culturelles africaines, et de représentants de la société civile. Le discours du président a souligné l’importance de « réconcilier le peuple avec son histoire » et de faire de Sankara un « repère moral pour les générations futures».
Mariama Sankara, veuve du défunt président, présente malgré les années d’exil, a laissé échapper quelques larmes en découvrant le monument. Dans son allocution sobre mais poignante, elle a déclaré :
« Ce mausolée n’est pas seulement une reconnaissance pour Thomas. Il est un rappel que le combat pour la justice, la liberté et la dignité n’est jamais vain. »
Une reconnaissance posthume mais incomplète ?
Malgré la solennité de l’événement, certains critiques rappellent que l’héritage de Sankara reste encore partiellement récupéré et instrumentalisé. Des voix au sein de la jeunesse et des mouvements citoyens demandent que ce mausolée ne soit pas une simple façade mémorielle, mais le point de départ d’un véritable Sankarisme d’État.
« Construire un mausolée, c’est bien. Mais appliquer sa politique de rupture, de justice sociale, de lutte contre la corruption, c’est mieux », affirme Issa Koné, jeune militant de l’Union Panafricaine des Jeunes.
Un patrimoine pour l’Afrique entière
Au-delà du Burkina Faso, le mausolée attire déjà l’attention de nombreux Africains. Thomas Sankara, par son charisme, son verbe et ses décisions audacieuses — telles que la réduction du train de vie de l’État, la distribution de terres aux paysans, ou encore son combat pour l’annulation de la dette africaine — a marqué la conscience continentale.
Des délégations du Mali, du Ghana, du Togo, et même d’Haïti et du Venezuela, ont participé à la cérémonie, témoignant de l’influence internationale de Sankara. Le mausolée s’inscrit désormais dans une démarche de mémoire transnationale, à l’image du Mémorial de Gorée ou du musée de l’esclavage à Ouidah.
La pierre et l’esprit
Avec ce mausolée, le Burkina Faso a posé une pierre sur le tombeau d’une injustice historique. Mais la véritable immortalité de Thomas Sankara se jouera non dans la pierre, mais dans l’esprit : dans les politiques menées, dans l’éducation de la jeunesse, dans la lutte contre la corruption et la dépendance économique.
Le mausolée est un début. Le sankarisme, lui, est un chemin.
Dimitri AGBOZOH-GUIDIH
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