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Togo : Lettre ouverte du CACIT au président du Conseil, Faure Essozimna Gnassingbé

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Le Collectif des Associations Contre l’Impunité au Togo (CACIT), a adressé, ce lundi 20 octobre 2025, une lettre ouverte au Président du Conseil, Faure Essozimna Gnassingbé. Lisez plutôt !

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LETTRE OUVERTE DU CACIT A SON EXCELLENCE MONSIEUR LE PRESIDENT DU CONSEIL SUITE A LA MISE EN PLACE DU PREMIER GOUVERNEMENT DE LA 5ème REPUBLIQUE

Objet : La 5ème République pourra-t-elle être porteuse d’espoir, de justice et de réconciliation véritable ?

Excellence,
Avec la mise en place du nouveau gouvernement le 8 octobre 2025, le Togo poursuit sa marche dans la nouvelle ère institutionnelle, celle de la 5ème République. Cette dernière offre au Togo une occasion unique de réconcilier la gouvernance avec la justice et le pouvoir avec le peuple. En y intégrant les principes de vérité, de transparence et de respect des droits humains, elle pourrait devenir un jalon historique sur le chemin de la démocratie et du développement du Togo, l’or de l’humanité. Ceci pourrait favoriser une meilleure adhésion de toutes les couches sociales du pays dont certaines continuent par émettre des réserves sur le déclenchement de cette nouvelle ère institutionnelle au regard du processus jugé peu inclusif de la nouvelle constitution.

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En effet, l’adoption de la nouvelle Constitution le 06 mai 2024, a donné naissance en réalité à un nouvel Etat, en basculant le Togo d’un régime présidentiel à un régime parlementaire. Dans l’histoire des Etats, ce basculement est toujours marqué par un sceau de refondation ou de renaissance empreint d’actes forts démontrant la naissance du nouvel Etat. En l’espèce, si tant est que les personnes qui ont conduit le processus de changement de régime n’ont pas substantiellement changé, il est important de rappeler la nécessité de ne pas se laisser piéger par l’adoption d’une démarche exceptionnelle qui ferait fi de ces considérations historiques.

En guise d’illustration, l’histoire africaine nous enseigne que la paix et la cohésion sociale exigent parfois des gestes d’élévation politique. À cet égard, il nous faut rappeler l’exemple du Sénégal en 1988, où le Président Abdou Diouf avait accordé une amnistie générale permettant la libération de détenus politiques et le retour d’exilés, ouvrant ainsi la voie à une période d’apaisement national (source : https://ceracle.com/lamnistie-au-senegal-dans-tous-ses-etats-par-pr-meissa-diakhate, article disponible en ligne. Consulté le 11 octobre 2025).

Excellence,
Depuis plusieurs années, notre pays reste confronté à de nombreux défis non résolus, parmi lesquels la mise en œuvre de certaines recommandations pertinentes de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR). Lesdites recommandations trouvent leur écho dans les préoccupations que le CACIT entend relever dans la présente lettre ouverte.

En effet, la garantie de l’indépendance de la Justice est indispensable pour le renforcement de l’Etat de droit, de la justice sociale et du développement socio-économique. Ceci marche de pair avec la lutte contre l’impunité et la corruption, l’accès à une justice juste et équitable, une meilleure gestion et répartition des richesses nationales, l’impératif de la redevabilité et un accroissement réel des services sociaux de base. Relativement à ces dernières exigences, il paraît important de faire référence à l’appel récent du Syndicat des Praticiens Hospitaliers du Togo (SYNPHOT) demandant la reconstruction du CHU Sylvanus Olympio. Cet appel ne saurait se faire si ledit syndicat regroupant des professionnels de santé n’a pas constaté une situation alarmante relativement à la garantie du droit à la santé des usagers du service hospitalier.

C’est ici le lieu de rappeler, qu’au-delà de cet appel, un diagnostic réel mérite d’être fait sur l’ensemble du territoire concernant le service hospitalier en vue de trouver des solutions urgentes aux préoccupations y afférentes souvent soulevées par des citoyens. Le même diagnostic s’avère utile en ce qui concerne les établissements scolaires, les infrastructures pénitentiaires et l’accès à l’eau potable et à l’électricité qui demeure des préoccupations majeures.

L’accès aux soins de santé, à l’eau potable, à l’électricité et à des bâtiments scolaires adéquats garantissant la sécurité des élèves ne sauraient attendre. L’amélioration des conditions de détention, y compris la mise en œuvre de la recommandation 25a du Comité contre la torture visant à « fermer définitivement et sans délai la prison civile de Lomé, et concevoir un plan général sur la situation des établissements pénitentiaires au Togo. », ne saurait aussi attendre. En lien avec ce dernier aspect, l’adoption du nouveau code de procédure pénale ne saurait non plus attendre.

Excellence,
Les acteurs de développement, en l’occurrence la société civile, concourent dans une large mesure à l’effectivité des politiques et programmes mis en place par le Gouvernement en vue de répondre aux besoins des populations.

Pour apporter une contribution significative, la société civile a besoin d’un écosystème libre, pluriel et démocratique où les divergences de points de vue et de stratégies légales d’actions constituent une richesse devant favoriser le développement harmonieux de tout le pays. A cette fin, il est important de « ne laisser personne de côté » dans la marche commune de la construction de l’édifice nationale.

C’est le lieu de rappeler la contribution significative de la diaspora à l’effort de développement ; par ce fait, il est nécessaire de renforcer les couloirs de collaboration et de dialogue avec cette dernière, au-delà des considérations politiques.

Excellence,
Actuellement, plusieurs citoyens au pays comme dans la diaspora à la fois des hommes, femmes et jeunes, de toutes les couches sociales font des revendications en lien avec les préoccupations susmentionnées et à la gouvernance du pays dans son ensemble. Au-delà des approches utilisées, il est indispensable de tenir compte de ces voies dans la gestion entamée par le nouveau gouvernement.

Pour ce faire, le CACIT suggère d’asseoir des stratégies gagnantes et rassurantes pour tous en trouvant les voies et moyens de fédérer toutes les énergies, surtout celles des jeunes, en explorant aussi les pistes de libération des personnes détenues en lien avec le contexte socio-politique.

Une démarche courageuse pourra aussi aboutir aux retraits des mandats d’arrêts internationaux et à une amnistie générale, en vue de décrisper le climat social et de renforcer le vivre ensemble. Compter avec tous et gouverner pour tous est la voie royale d’un développement inclusif et durable de tout pays.

Lors de votre intervention au cours de la 2ème édition du Lomé Peace and Security Forum, vous l’avez si bien souligné en ces termes : « La paix durable se construit par l’inclusion et la justice sociale. Elle ne se décrète pas ». L’espoir est de voir cette assertion se traduire en une réalité palpable sur la terre de nos aïeux.

Excellence,
Le CACIT se félicite des efforts consentis pour la préservation de la paix et de la sécurité, notamment relatifs à la prévention et à la lutte contre l’extrémisme violent. L’organisation veut oser croire que le jumelage du ministère des droits de l’Homme et de la Justice traduit votre volonté personnelle à voir la prise en compte des droits humains dans le quotidien de l’administration de la Justice, tout en reconnaissant le caractère indissociable qui lie ces deux notions.

Le CACIT, fidèle à sa mission de contribution au développement et à la gouvernance dans une approche fondée sur les droits humains, demeure disponible pour accompagner le gouvernement dans tout processus favorisant la paix, la justice et la cohésion sociale.

Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Président du Conseil, l’expression de notre très haute considération.

Fait à Lomé, le 20 octobre 2025

Le Président du Conseil d’Administration du CACIT

Me Claude Kokou AMEGAN

Marc GNAZOU

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