Dans les discours officiels, dans les prêches du dimanche comme dans les chansons populaires, l’appel à l’union des Togolais revient comme un refrain sacré. “Unis, nous vaincrons !”, “Main dans la main pour un Togo fort !”, “Togolais, unissons-nous !”. Et pourtant, sur le terrain, dans les quartiers, dans les familles, dans les partis, dans les diasporas… l’unité reste fragile, complexe, voire parfois illusoire.
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Pourquoi est-il si difficile pour les Togolais de s’unir ? Quels sont les freins visibles et invisibles à cette union pourtant si nécessaire pour le développement du pays ? Est-ce une fatalité ? Ou une blessure mal soignée ? Plongée dans les racines d’une fracture nationale.
Une Histoire de Divisions : Colonisation, frontières et héritages troubles
L’histoire du Togo est marquée par des clivages historiques artificiels. D’abord partagé entre les colonisations allemande, puis française et britannique, le territoire togolais est le fruit de découpages coloniaux brutaux, sans respect pour les réalités ethniques, linguistiques ou culturelles.
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Les colons ont semé les graines de la division, en jouant sur la politique du “diviser pour régner”. Certaines régions ont été favorisées, d’autres marginalisées. Certaines ethnies ont été associées à l’administration, d’autres tenues à l’écart. Résultat : un sentiment d’injustice historique qui continue de hanter les mémoires collectives.
Ethnicisme et régionalisme : Le poison silencieux
Le Togo est un pays riche de sa diversité : Ewé, Kabyè, Mina, Tem, Kotokoli, Akposso, Gourma, etc. Cette diversité, qui devrait être une force, est trop souvent instrumentalisée politiquement. Les clivages Nord/Sud, les suspicions entre groupes ethniques, les stigmatisations régionales ont miné la confiance entre les citoyens.
Dans certains esprits, l’origine géographique ou ethnique d’une personne prime encore sur ses compétences, sa vision ou son humanité. Les partis politiques eux-mêmes, parfois, s’appuient plus sur des logiques d’appartenance que sur de vrais programmes de société.
Ce repli identitaire alimente un climat de méfiance. Comment s’unir quand on se regarde d’abord comme “autre” ?
L’omniprésence de la politique : tout est politisé, même l’unité
Au Togo, la politique a envahi tous les espaces : la rue, la famille, la religion, les associations, les réseaux sociaux. Et au lieu d’être un levier de transformation collective, elle est souvent devenue une arène de guerre symbolique, où l’on s’affronte plus qu’on ne débat.
Le paysage politique est marqué par des clivages profonds entre pouvoir et opposition, souvent personnalisés, violents, et rarement tournés vers le bien commun. Les élections ne rassemblent pas : elles divisent. Les militants ne dialoguent pas : ils s’invectivent.
Dans ce climat, l’idée même d’unité devient suspecte, interprétée soit comme une soumission au pouvoir, soit comme une manœuvre de récupération. Le vivre-ensemble est pris en otage.
Méfiance, jalousie, individualisme : une crise des relations sociales
Au-delà de la politique et de l’histoire, un autre facteur ronge l’unité des Togolais : la méfiance généralisée. Beaucoup disent “les Togolais ne s’aiment pas”, “chacun pour soi”, “on ne se soutient pas entre nous”.
Ces paroles traduisent un malaise social : jalousies, manque de solidarité, absence de coopération, médisances, peur de l’autre. Dans les quartiers comme dans les diasporas, les projets collectifs échouent souvent faute de confiance.
Ce climat pousse chacun à se replier, à construire seul, à ne pas partager ses idées de peur d’être “copié” ou “détruit”. Le tissu social se délite.
Un peuple résilient, mais fatigué
Il faut aussi le dire : les Togolais ont beaucoup souffert, et beaucoup résisté. Répressions, crises politiques, pauvreté, chômage, exils… Les blessures sont nombreuses, et la fatigue est réelle.
Dans ce contexte, l’union peut apparaître comme un luxe inaccessible. Beaucoup préfèrent se concentrer sur leur survie personnelle ou familiale. D’autres, désabusés, ne croient plus en rien.
Mais malgré tout, malgré les fractures, le Togo tient debout. Parce que ses fils et filles, dans l’ombre, œuvrent chaque jour pour le changement. Parce que l’espoir ne meurt pas.
Des graines d’union existent déjà : et si on les arrosait ?
Malgré tous ces défis, l’union des Togolais n’est pas un rêve impossible. Des signes positifs sont là : des entrepreneurs qui collaborent au-delà des régions, des associations mixtes, des artistes qui fédèrent toutes les origines, des diasporas qui investissent ensemble.
Des jeunes, surtout, cassent les barrières. Ils veulent une nouvelle façon d’être Togolais : sans complexe, sans haine, sans étiquette tribale. Internet, les réseaux sociaux, la culture urbaine, les mouvements citoyens sont des espaces où se reconstruit peu à peu un sentiment d’unité.
Mais ces graines d’unité ont besoin d’eau : éducation à la paix, discours responsables, leadership intègre, projets communs.
L’union se construit, elle ne se décrète pas
Le problème de l’union des Togolais n’est ni une malédiction, ni une exception africaine. Il est le fruit d’une histoire, d’un système, de traumatismes… mais aussi d’un manque de volonté collective de transformation.
Pour que l’union devienne une réalité, il faut :
Guérir les blessures du passé
Refuser les discours de haine ou de division
Travailler sur la confiance et la coopération
Promouvoir l’équité, la justice et la reconnaissance
Valoriser les modèles positifs
Car un peuple uni est invincible. Et le Togo mérite cette invincibilité.
Dimitri AGBOZOH-GUIDIH
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