À travers une tribune, le journaliste togolais Michel Glory Samuel Takpah est revenu sur l’accord de paix imminent entre le Rwanda et la RDC sous l’égide de l’Occident. À en croire Takpah, cette fin positive relève une particularité peu reluisante, l’absence totale d’Etat africains, aux avant-gardes des rencontres. Lisez !
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Accord de paix imminent entre le Rwanda et la RDC sous l’égide de l’Occident
Entamées depuis plusieurs semaines, les négociations de paix entre le Rwanda et la RDC vont connaître un dénouement. C’est ce qu’ont annoncé les parties prenantes aux pourparlers que sont les 02 pays concernés en plus des Etats-Unis et du Qatar, facilitateurs des assises.
«Des équipes techniques de la République démocratique du Congo et de la République du Rwanda ont paraphé le texte de l’accord de paix, en présence de la sous-secrétaire américaine aux affaires politiques, Allison Hooker, en prélude à la signature de l’accord de paix lors d’une réunion ministérielle qui se tiendra le 27 juin 2025, en présence du secrétaire d’Etat américain Marco Rubio», détaille le communiqué final.
Cette fin positive relève néanmoins une particularité peu reluisante, l’absence totale d’État africains et/ou d’institutions africaines, aux avant gardes des rencontres. Une situation qui, certes, n’est pas la première du genre, mais qui scintille à une époque où les questions de souveraineté, d’anti-impérialisme sont revenues au devant de la scène dans les débats publics. Cette sorte de fuite en avant et de déni des priorités s’accommode ainsi avec la quasi-totalité des pouvoirs publics, intellectuels et sociaux en Afrique subsaharienne.
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Tribune : Le journaliste Michel Takpah se prononce sur l’actualité togolaise
Un manque de leadership et de ténacité qui a par exemple caractérisé la médiation angolaise, qui a par la suite été laissée à la diplomatie togolaise qui a repris en main un dossier assez complexe.
Dans les chiffres et sur le terrain purement économique, ce dépassement se traduit par un grand écart entre les investissements et dons africains, comparés à ceux américains ou chinois. A titre d’exemple, le soutien total des Etats-Unis en faveur de la RDC s’est établi à plus de 838 millions de dollars pour l’année fiscale 2024, soit près du ¼ du budget d’État sur l’exercice de la même année.
En outre, les États-Unis sont le principal donateur bilatéral de la RDC. L’USAID a injecté selon les chiffres officiels compilés plus de 10 milliards de dollars dans le pays entre 2002 et 2021. Rien qu’en 2023, plus d’un milliard de dollars a été mobilisé par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). Un montant qui représente 23 % de l’aide totale reçue par la RDC, loin devant la Banque mondiale, l’UNICEF ou encore le Programme alimentaire mondial (PAM).
Cet état des choses dresse un bilan clair et sans filtre de la réelle influence que peuvent avoir les différents partenaires ou institutions sur la crise rwando-congolaise qui au vu de la situation géo-économique est l’une des plus importantes sur le continent.
Substantiellement, l’accord futur concerne le respect de l’intégrité territoriale, la cessation des combats, le retrait, le désarmement et l’intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques. Les rebelles du M23 indiquent de leur côté ne pas se sentir concernés par un ledit accord.
Dans le fond des termes des négociations, aucun détail n’a été révélé, notamment sur l’aspect économique, qui pourrait, selon plusieurs experts, permettre aux Etats-Unis d’obtenir un accès privilégié à des minerais stratégiques et drainer des milliards de dollars d’investissements dans la région abritant d’importantes réserves de minerais dont le tantale, le cobalt, le cuivre, l’or et le lithium.
Michel Glory Samuel TAKPAH
Journaliste togolais
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