Tribune : Le journaliste togolais Michel Takpah se prononce sur la situation économique du Sénégal

Tribune : Le journaliste togolais Michel Takpah se prononce sur la situation économique du Sénégal

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Le journaliste togolais Michel Glory Samuel Takpah s’est prononcé sur la situation économique du Sénégal. Résident aux USA depuis quelques années, l’économiste togolais Michel Takpah ne cesse d’apporter sa contribution pour le développement de l’Afrique.

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Dans une tribune, l’ancien présentateur de l’émission « Regard Croisé » sur la chaîne New World Tv, est revenu sur la situation de l’économie Sénégalaise. Tout en passant au peigne fin l’actualité Sénégalaise, Michel Takpah n’a pas manqué de faire des propositions aux nouveaux dirigeants. Lisez plutôt !

Sénégal : quand idéologie et réalisme politique se challengent

Porté au pouvoir sur des promesses de changements majeures et de ruptures, le duo Sonko/Faye vient de franchir le cap symbolique des 12 mois de pouvoir. Élu en avril 2024, comme le plus jeune président de l’histoire du pays, Diomaye Faye a sans surprise nommé comme dauphin à l’exécutif son compère de lutte Ousmane Sonko qui devient premier ministre. Passé de l ‘activisme à la responsabilité politique a été le défi public numéro 1 auquel se sont confrontés les 2 responsables du Pastef (Parti Politique de Gauche fondé en 2014 par Ousmane Sonko).

Entre promesses et réalités du terrain

Dans un premier temps, très attendu sur le plan sous-régional, ouest-africain, en rapport au discours panafricaniste tenu durant plusieurs années, le couple présidentiel se heurte à l’épineuse question de l’AES et de ses tensions avec la Cedeao. Une médiation en demi-teinte du président Faye, qui selon plusieurs observateurs et notamment acteurs de la société civile, “n’a pas été au bout de sa pensée profonde et à jouer au classicisme diplomatique, jouant les mêmes rôles que ces prédécesseurs”. Un dossier qui s’est soldé par une absence de consensus et une cristallisation de la crise communautaire.

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Dans un autre plan, face à l’urgence de redresser la courbe de croissance économique du Sénégal, dont la dette publique s’élevait à 119% de son Produit Intérieur Brut (PIB), selon un rapport de la banque britannique Barclays, l’opinion ouest-africaine attendait sans état d’âme l’approche sénégalaise sur la question de la monnaie (CFA), maintenant que Sonko/Faye a les pleins pouvoirs opérationnels. Face à cet épineux dilemme, il est quand même notable de constater que le premier ministre Sonko a multiplié les communications mais reste limité dans un éventuel modèle ou réel plan de sortie. Il a précisé à ce propos : « Nous voulons un espace intégré… la zone la plus intégrée possible, qui peut aller au-delà de l’UEMOA (…)  À côté de la politique budgétaire, la politique monétaire est extrêmement importante. Et c’est important que la zone ait réussi à mettre en place un marché commun, à mettre en place une monnaie commune, a-t-il souligné, regrettant que le franc CFA, bien que commun, continue de porter les stigmates d’une histoire coloniale.» Dans une certaine mesure, le gouvernement sénégalais n’exclut aucun scénario, tout en privilégiant une approche concertée. Une phase technique semble dans ce sens être aboutie de la part de la Bceao qui attend les décisions politiques au niveau des présidents de la sous-région.

Cet exercice de double enjeu sous-régional, fait route commune avec les gros défis internes du Sénégal, notamment les préoccupations économiques et sociales. Un schéma qui à la réalité du pouvoir contraste énormément avec le discours souverainiste électoral, loin du spectre idéaliste prêché ces dernières années par le Pastef.

Reconquête progressive et réforme profonde

La prise de pouvoir par la gauche sénégalaise a marqué d’emblée une rupture avec le conservatisme politique dans le pays, après les années Wade et le pouvoir de Macky Sall. Ce changement de cap est selon l’avis de beaucoup d’experts, l’expression même d’une nouvelle tendance sociale et sociétale qui veut mettre l’action citoyenne au sein des décisions de premiers plans. Ainsi, dans la droite ligne de ce mouvement social, le couple Sonko/Faye a engagé d’énormes chantiers de renégociations de contrats publics notamment gaziers et pétroliers. Le pays a dans ce sens démarré le raffinage de son propre pétrole, avec une production initiale de 90 000 tonnes. Un projet qui vise à renforcer la sécurité énergétique et à réduire la dépendance aux importations de produits pétroliers finis.
Sur la pêche, un autre sujet d’importance majeur, le gouvernement Sonko a décidé de ne pas reconduire le contrat qui liait le Sénégal à l’Union européenne.

Une série de mesures qui rabattent les cartes de l’investissement privé et public au Sénégal malgré les critiques d’une partie de la classe politique.

La réalité implacable est que le Sénégal est privé d’accès aux marchés internationaux notamment à cause de la dégradation de la confiance des investisseurs, des tensions économiques et des défis liés à la dette et au financement extérieur. Le pays a ainsi triplé ses levées sur le marché régional au premier semestre de l’année 2025, atteignant un total de 1262,5 milliards FCFA ( 2,25 milliards $) sur la période; un volume en hausse de 267 % en glissement annuel.

Michel Glory Samuel TAKPAH

Journaliste et économiste togolais

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